Moscou mène la danse en Libye. Les deux protagonistes du conflit en Libye, le chef du gouvernement d’union nationale (GNA) Fayez al-Sarraj et le général Khalifa Haftar sont attendus ce lundi à Moscou pour signer un accord sur les modalités du cessez-le-feu entre leurs troupes, entré en vigueur dimanche.
L’intrusion de la Turquie- devenue l’autre acte majeur dans le jeu libyen – semble avoir accéléré le mouvement à Moscou pour imposer à Khalifa Haftar de mettre fin à son entreprise de conquête de Tripoli dont la finalité est de liquider le GNA.
Les organisateurs russes ne disent pas si les deux hommes vont se rencontrer directement pour signer cet accord qui survient après neuf mois de combats meurtriers et où les ingérences étrangères directes n’ont pas manqué. La dernière en date étant le raid mené contre une école militaire à Tripoli (30 morts) imputé à une puissance étrangère qui soutient Haftar.
Le chef du Gouvernement d’union nationale (GNA), Fayez al-Sarraj, a appelé lundi à la télévision les Libyens à “tourner la page du passé”, à “rejeter la discorde et (à) resserrer les rangs pour se lancer vers la stabilité et la paix”.
On est encore loin. Selon le chef du groupe de contact russe sur la Libye, Lev Dengov, les deux parties auront à déterminer “les modalités du règlement futur en Libye, y compris la possibilité de signer un accord sur le cessez-le-feu et ses détails”.
Khalifa Haftar dont l’offensive menée depuis avril 2019 a été bloquée aux portes de Tripoli serait déjà à Moscou, en compagnie dAguila Salah, président du Parlement libyen basé à Tobrouk, dans l’Est du pays. Fayez al-Sarraj du GNA est pour sa part attendu aux côtés de Khaled al-Mechri, le président du Conseil d’Etat. Selon Lev Dengov, les deux parties auront des “rencontres séparées avec les responsables russes et les émissaires de la délégation turque qui coopère avec la Russie sur ce dossier. Des représentants des Emirats Arabes Unis et de l’Egypte seront probablement présents en tant qu’observateurs aux pourparlers”. Les ministres turcs des Affaires étrangères et de la Défense, Mevlut Cavusoglu et Hulusi Akar, sont également attendus à Moscou lundi.
L’Algérie a salué dimanche le cessez-le feu en Libye, appelant toutes les composantes libyennes à son respect et à la reprise rapide du processus de dialogue national inclusif. Le ministère des affaires étrangères a indiqué dans un communiqué que l’Algérie « poursuivra ses efforts en faveur d’une solution politique pacifique garantissant l’unité et la souveraineté du peuple libyen dans le cadre de la paix et de la stabilité loin de toute ingérence étrangère, qui n’a fait qu’aggraver la situation et torpiller les efforts de règlement à travers le dialogue ».
Des informations provenant de sources proches du GAN indiquent que les mercenaires russes de la compagnie Wagner – dont le rôle a changé la donne sur le terrain en faveur de Haftar- se seraient retirés de la ligne de front de Tripoli. Cette intrusion des mercenaires russes a poussé le GNA à solliciter – et à obtenir – l’appui de la Turquie. Moscou et Ankara sont devenus désormais des acteurs majeurs sur le dossier libyen.
