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Les printemps berbère et noir, fondements du combat démocratique

Radio M | 23/04/24 15:04

Les printemps berbère et noir, fondements du combat démocratique

Dans un billet hebdomadaire publié à l’occasion du double anniversaire du printemps berbère de 1980 et le printemps noir de 2001, l’opposant politique Karim Tabbou rend hommage aux sacrifices consentis par les générations précédentes dans leur long combat pour la démocratie et l’identité amazighe en Algérie. Il souligne la cohérence historique entre ces deux événements majeurs, marqués par des combats politiques et citoyensmenés au prix de sacrifices énormes.

Pour Tabbou, ces mouvements visaient à “libérer le pays des mains des rentiers-bureaucrates” et de “leur endoctrinement idéologique, de la théocratie et des mensonges”, conformément aux “promesses de la plateforme de la Soummam” pour une Algérie indépendante, moderne et démocratique. Cependant, il dénonce “la nature violente du pouvoir” qui n’a pas hésité à recourir à une “propagande”visant à discréditer ces soulèvements populaires.

L’opposant évoque particulièrement le “printemps noir de 2001” qui a fait 128 morts parmi les jeunes manifestants, “abattus à distance à coup de balles explosives par des snipers en uniforme officiel”. Bien que ces événements aient légué “un énorme capital politique”, Tabbou estime que les Algériens ont “une dette morale et politique” envers ces “martyrs de la démocratie” qu’ils se doivent d’honorer en poursuivant “le combat pour la DEMOCRATIE”.

Sur un autre plan, Karim Tabbou dénonce “cette grave et inadmissible déclaration du ministre de la communication M. Laagab Mohamed” justifiant l’interdiction d’entrée sur le territoire algérien du journaliste Farid Alilat par “les positions inamicales du point de vue professionnel envers l’Algérie” de son employeur, le magazine Jeune Afrique. Pour l’opposant, ce propos “constitue une injure à notre citoyenneté et un outrage caractérisé à notre nationalité d’Algérien”. Il rappelle que “la valeur juridique et constitutionnelle de la jouissance de la citoyenneté algérienne est plus importante qu’une raison administrative ou professionnelle”.

Tabbou déplore “ces écarts de propos (…) courants chez certains hauts responsables” qui témoignent du “délitement moral dont souffre l’Etat et ses institutions”. Il établit un parallèle avec l’époque coloniale où “le Général Massu a ordonné de refouler une équipe de reporters anglais, venue s’informer de la situation dans notre pays, en les qualifiant de colporteurs de fausses informations sur les évènements d’Alger”.

Concluant sur cette affaire, l’opposant affirme que “la citoyenneté algérienne, même si elle demeure brimée et soumise à la tyrannie de tous ces potentats incultes, est le fruit d’une haute lutte de libération et de sacrifices colossaux et de millions de martyrs”. Il exhorte donc le ministre à “comprendre que le fait de jouir de la nationalité algérienne est un honneur et non une faveur administrative”.

Pour Karim Tabbou, ces dérives ne font que “renforcer la conviction” qu’il faudra “retrousser ses manches et engager pacifiquement ces combats décisifs, des combats rudes et durables” afin de permettre l’émancipation politique, économique, culturelle et sociale de l’Algérie, bridée par un “sous-développement mental”.