Par Amina Haddad
Qu’il était facile d’en être!
Dans sa phase brillante et si lumineuse, il suffisait de se placer dans la lumière pour être touchéEs par « la grâce » de sa propre gloire.
Qu’il est difficile d’y tenir!
Dans son épreuve d’endurance, sombre, délétère, répressive, revancharde, abusive, souffrante dans les rangs des épris de lumière, factice et usurpatrice du moment de gloire à des fins feintes, de surfeur(se)s malhabiles..
Qu’il est dur de lutter devant tant de souffrances de ceux qui paient le prix de leur verticalité honnête et engagée dans l’intérêt commun national au détriment de cette échelle personnelle et individuelle, non moins légitime à épargner.. Celle qui supporte désormais le poids de sa propre résistance alourdie de la défection des compagnons de route jadis convertis en chantres de façade éclairés au néon de la bêtise et de l’incurie.. de ceux-là mêmes contre lesquels nous nous sommes élevés..
Le hirak est un processus libérateur en cours, oui..
Pas l’affaire d’un grand soir non, ni d’un grand jour, ni d’une déflagration flamboyante, à grand frais.. dans un ciel de novembre ou de juillet de l’Algérie « nouvelle» post-covid!
Le hirak est un processus lent de distillerie et de décantation. sa promesse sera l’oeuvre des valeureu(ses)x et des résistantEs sur un chemin rectiligne, éclairé par la grâce de toutes les petites lumières de la clairvoyance citoyenne, qui ne craignent ni le vent, ni le souffle enivrant de la cooptation.. ces plus petites unités indivisibles de lumières qui supportent le sacrifice, tous les sacrifices.. celle qu’on emporte avec soi jusque dans les prisons et que l’on sait intangible quelque soit le degré d’enlisement dans l’opacité boueuse et aveuglante dans laquelle on cherche à noyer nos saines espérances.
Le hirak est un processus libérateur du joug qui ne compose pas avec l’extrême acuité de l’histoire en marche, bordées de broyeuses abyssales, dévoreuses de feux d’artifices, dont les plus flamboyants, demeurent circonscrits dans le temps court que le plus ingénieux des artificiers ne peut rallonger. ( الانبهار a ses limites!!)
Aux tenantEs du temps long, que l’on maltraite, desquelLEs on se rit, que l’on déjuge et dont les dédisants renient jusqu’à jusqu’à la connaissance.. tenez bon!
Tiens bon محاد قاسمي
Tiens bon Ihsane El Kadi!
Tiens bon Zaki Hannache
Tiens bon Tadjadit !
Tiens bon Radio M Et tous les canaux qui portent la parole juste et contradictoire!
Tiens bon le journaliste qui n’entend pas de médire!
Tiens bon l’avocat qui se racle les coudes à défaire la nacelle qui réduit nos libertés !
Tiens bon le juge dont on se souviendra de sa loyauté au serments de vérité !
Tiens bon l’artiste que l’on a réduit aux huis clos!
À tous les détenus d’opinion et leurs familles, aux brimés, aux endoloris, aux exilés, aux interdits, aux écorchés, aux insatisfaits, aux floués, aux brûlés, aux démis de leurs fonction, aux rétrogradés, aux intoxiqués, aux suffocants, aux endeuillés, aux patients, aux croyants, aux trahis, aux espérants… aux survivants… tenez bons!
À celles et ceux qui ont mal au pays aujourd’hui.. à tout ceux pour qui l’Algérie est unique et intemporelle.. à tous ceux pour qui ce pays et son peuple méritent l’inverse de ce qu’on leur inflige, tenez bon le fil de votre lumière que nul ne peut atteindre!
