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En Libye, Haftar accepte un cessez-le-feu sous la pression de Poutine

Said Djaafer | 12/01/20 08:01

En Libye, Haftar accepte un cessez-le-feu sous la pression de Poutine

Après avoir refusé dans un premier temps l’appel au cessez-le-feu lancé par les présidents russe et turc, le général Khalifa Haftar a annoncé, samedi, qu’il avait accepté la trêve et que les combats vont cesser ce dimanche. La pression de Vladimir Poutine, dont le pays, en dépit de ses dénégations, soutient l’entreprise meurtrière du général Haftar a été probablement décisive. Les forces du général Haftar mènent depuis plusieurs mois des combats pour prendre la capitale, Tripoli, où est installé le Gouvernement d’Union nationale (GNA) de Fayez al-Sarraj, reconnu par la communauté internationale.

Jusqu’à quand tiendra le cessez-le-feu? La question est de mise, le général Haftar se ménageant la possibilité de reprendre les attaques en assurant que la  “riposte sera sévère en cas de violation de la trêve par le camp adverse” », en référence aux forces du Gouvernement d’union nationale (GNA). On enregistre déjà des accusations mutuelles de violation du cessez-le-feu. Dans un contexte libyen chaotique particulièrement chaotique, il sera facile de fabriquer les prétextes d’une reprise des combats. Comme pour beaucoup de ce qui se passe en Libye, la viabilité du cessez-le-feu dépendra de la volonté et des véritables intentions des “parrains” extérieurs des protagonistes de la guerre en Libye. Les appels publics à une cessation des combats – quelle puissance prendrait le risque de dire le contraire? – ne sont pas forcément conformes aux actes sur le terrain. 

“Parrainages” de la guerre 

On peut supposer que la Turquie qui  a déployé des militaires début janvier en soutien  à un gouvernement de Tripoli sur la défensive souhaite vraiment que le cessez-le-feu, il n’est pas certain que cela soit le cas pour la Russie.  De manière directe, le chef de la diplomatie turque, Mevlüt Cavusoglu, a estimé qu’il revenait à Moscou de «convaincre» Haftar. La présence de mercenaires russes, le plus souvent issus des forces spéciales et dont l’action en Libye ne peut se faire sans l’aval des autorités de Moscou, est un soutien direct à Haftar. Vladimir Poutine s’en lave “officiellement” les mains sans convaincre: “ s’il y a des citoyens russes là-bas, ils ne représentent pas les intérêts de l’Etat russe et ne reçoivent pas d’argent de l’Etat russe” a-t-il affirmé.

 Autre complication qui compte, la Russie  n’est pas le seul soutien du général Haftar sur lequel ont “investi” d’autres acteurs comme l’Egypte, les Emirats, l’Arabie saoudite, la France…  Le ministre turc des affaires étrangères a d’ailleurs pointé directement du doigt Paris en déclarant que “plusieurs pays essaient de s’opposer à l’appel des Présidents turc et russe au cessez-le-feu en Libye. La France tente de saboter toute initiative dont elle ne fait pas partie. Elle continue d’aider des formations illégales, y compris de leur accorder une aide militaire, contribuant ainsi au chaos”.

Conférence de Berlin, Merkel l’espère pour “bientôt”

Le général Haftar a annoncé l’acceptation du cessez-le-feu, réclamé mercredi dernier par la Turquie et la Russie, quelques heures après la rencontre à Moscou entre Vladimir Poutine et Angela Merkel. A l’issue de cette rencontre, le président russe a mis la pression sur Haftar: “Je compte vraiment sur le fait que dans quelques heures, (…) comme nous l’avons demandé avec le président turc, [Recep Tayyip] Erdogan, les parties au conflit libyen cesseront le feu…”Il est important de mettre fin enfin à la confrontation armée” Angela Merkel qui a salué les efforts russo-turcs a déclaré espérer pouvoir lancer bientôt « les invitations pour une conférence à Berlin sous l’égide de l’ONU », afin que la Libye puisse redevenir un pays « souverain et pacifié ». Cela dépendra des parrains de la guerre qui sont tous conviés à la conférence.