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Comment Djamel Bensmail s’est retrouvé entre les mains de la police

Lynda Abbou | 19/11/22 22:11

Comment Djamel Bensmail s’est retrouvé entre les mains de la police

Le procès de l’assassinat de Djamel Bensmail s’est poursuivi, ce samedi, avec la diffusion de nombreuses vidéos tournées par les accusés mais également par la principale victime. Le juge a également fait lecture du procès verbale (PV) des policiers constitués comme partie civile et écouté les plaidoiries des avocats de la partie civile.

On sait désormais un peu plus comment le défunt Djamel Bensmail s’est retrouvé entre les mains de la police. Selon la dernière vidéo qu’il a réalisée avec son téléphone, Djamel Bensmail se trouvait au quartier Tizi N’semlal, en plein coeur de Larbaa Nait Irathen, situé à quelques encablures du commissariat ou il a été lynché, non loin de la Place « Abane Ramdane » où il a été trainé.

Diffusée lors du procès, la vidéo de Djamel Bensmail montre une foule entrain de saccager une voiture blanche de marque « Clio Campus ».  Cette voiture appartient à deux jeunes hommes, originaires de la wilaya de Boumerdes, qui avaient été auditionnés jeudi par le juge en tant que victimes.  

Selon leurs témoignages, ils étaient sur place pour porter des aides à la population locale. Ils ont indiqué que l’accusé M.C les avait arrêtés dans le but de les agresser. Chose qui a, selon eux, excité la foule laquelle croyait qu’ils seraient les auteurs des incendies.

Sur la vidéo, on voit les deux passagers du véhicule prendre la fuite, dont l’un était cueilli et emmené par la police. L’autre avouera que lui aussi a été récupéré par la police, témoignages confirmés par le PV de la police.  Citée, lors des aveux de jeudi de ces deux passagers victimes, une troisième personne, répondant au prénom de Faouzi, n’apparaissant pas dans la vidéo, se serait évaporée dans la nature.

Alors qu’il était encore en train de filmer la scène de la fuite des deux jeunes et le saccage de leur véhicule, une personne figurant parmi les accusé, en l’occurence H.A, s’approche de Djamel Bensmail et lui demande de continuer à filmer. « Je suis ici avec mes amis » entend-t-on réagir Djamel Bensmail. « Qui es tu ? C’est vous les auteurs des incendies ! », accuse H.A à la face de Djamel Bensmail avant de lui arracher son téléphone. On ignore si Djamel Bensmail a été confondu avec le troisième passager du véhicule.

Pour le procureur, c’est lorsque la personne, qui interpelle Djamel Bensmail -au moment où il filmait- s’est rendu compte qu’il « était étranger à la région », que le « drame a commencé ».

Dans les témoignages des policiers de la partie civile contenus dans les PV lus par le juge, il est fait état qu’après avoir pu évacuer les deux passagers victimes de Tizi N’semlal, des policiers ont arraché à la foule une troisième personne qu’ils ont évacué avec un « Vito ». Il s’avère plus tard qu’il s’agissait de Djamel Bensmail.

« Nous avons essayé de l’emmener au célibatorium  où nous avions déjà placé l’une des premières personnes évacuées, mais la foule nous avait suivie en réclamant de leur livrer Djamel Bensmail. Chose qui nous a poussée à changer de destination en se dirigeant vers le commissariat », selon les PV.

« Sur le chemin, la foule grossissait et s’acharnait sur le véhicule. Arrivée au commissariat, nous n’avions pas pu le mettre à l’abri. D’autant que la foule était imposante alors que nous étions que 13 policiers », note les PV. 

Ce que pensent les avocats des parties civiles

Dans leurs interventions, les avocats des parties civiles ont remis en cause les déclarations des accusés qui ont nié avoir tué Djamel Bensmail. « Personne ne pourra cacher la vérité, car tout a été documenté par vidéo. Nous les voyons clairement commettre leurs actes, mais ils osent nier les faits », s’emporte l’avocat Hakem Brahim avant de demander au juge de frapper cette fois « avec  une main de fer ».

Dans le même sens, Me Mustapha Teurki s’est dit étonné du fait que les accusés «aient tout nié » . « Les accusés disent qu’ils n’ont rien fait et qu’ils ne se connaissent pas. Mais, lors des pauses, nous voyons tous leur complicité en discutant entre eux »,  a-t-il dit. Pour lui, il s’agit d’un « homicide prémédité » et d’une « participation à homicide prémédité et incitation au meurtre ».

L’avocate Boudaoud Ahlem soutient, dans sa plaidoirie, que le crime a été « orchestré » par le MAK. « Le crime a été programmé par l’organisation terroriste MAK, les accusés scandaient pouvoir assassin, ce qui veut dire qu’ils n’ont pas confiance en l’Etat, ni en la justice. Ils avaient donc la volonté de le punir », a-t-elle estimé.    

L’avocate s’est également basé sur le rapport de l’autopsie pour confondre les accusés. « Nous avons posé des questions aux accusés et ils ont tous dit qu’ils ont commis leurs actes sur le corps de Djamel Bensmail après sa mort.  Or, sur le document lié à l’autopsie, l’heure de la mort n’est pas citée, ce qui veut dire que nous ne savons pas si la victime était déjà morte lors du lynchage à la Place Abane Ramdane », a relevé l’avocate.

Me Mehdi Menacer, pour sa part, a soutenu que « le bras droit de Djamel Bensmail bougeait encore lorsqu’il était à la place Abane Ramdane ». « Qui a dit qu’il était mort avant son immolation ? » s’est-il interrogé.  

Au terme de ces plaidoiries, le procureur dresse une longue plaidoirie de presque une heure de temps avant de requérir 10 de prison ferme assortie de cinq cents mille dinars algériens à l’encontre des accusés poursuivis. Il a également requis la peine capitale pour le reste des accusés poursuivis en criminel.