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4 jours de manifestations continues: la majorité n’est plus silencieuse

Ghada Hamrouche | 13/12/19 17:12

4 jours de manifestations continues: la majorité n’est plus silencieuse

La majorité n’est plus silencieuse. La présidentielle du 12 décembre le confirme. Les Algériens ne sont plus d’accord sur le mode de gouvernance de leur pays et ils le font savoir. Résolument, clairement.

Longtemps qualifiée de la majorité silencieuse, les abstentionnistes qui constituent plus de la moitié du corps électoral, selon les chiffres de l’ANIE, sont la majorité réelle du pays. Ils n’ont pas voté. Ils ne l’ont pas fait en restant chez eux et ils ne sont pas allés “à la chasse” selon la formule consacrée.

Ils ont investi l’espace public pour le dire, quatre jours de suite. Le 10 décembre avec les étudiants, le 11 pour marquer la filiation avec les combats d’hier, le 12 décembre pour affirmer la défiance à l’égard de l’élection du pouvoir et le 13 pour confirmer la continuité du hirak populaire. Ce quatre trois jours historiques où la société algérienne, sortie de sa léthargie le 22 février, a affirmé qu’elle existe. Quatre jours où cette majorité présumée silencieuse a donné de la voix pour dire qu’elle n’est pas concernée par l’agenda d’un régime dont elle veut le départ.

Dans les rues d’Alger, et d’autres villes d’Algérie, ceux qui ont boudé les urnes le 12 décembre, sont sortis dire que le 12 décembre n’est pas la fin de l’histoire et que le combat pour le rétablissement de la souveraineté du peuple, réelle et non fictive, continue. Une affirmation qu’ils ont beaucoup scandé ce 13 décembre “allah akbar al solta li al cha3b” (Le pouvoir au peuple).

Si le régime s’est doté d’un locataire à El Mouradia, la société, la majorité, a affiché son refus de le reconnaître. Les slogans le disaient avec plein de variantes : “Djina ou madajbounch, Tebboune mayahkamnach” (on est venu, on nous a pas ramené et Tebboune ne nous gouvernera pas), “Qanoun el 3askar, el vote mzawer” ( la loi des militaires le vote truqué) ou encore “Allah akbar, el vote mazawer” (le vote truqué).

Si Tebboune, appuyé par le centre névralgique du régime, obtient le ralliement des clientèles habituelles, la société, elle, ne lui reconnait pas une quelconque légitimité. Dans les rues on énumère toutes les casseroles qu’il traîne. Ses échecs dans le secteur de l’habitat notamment les retards immenses des chantiers AADL, chef de chantier de “la mosquée de Bouteflika”, l’affaire qui lie son fils à Kamel Chikhi ( le boucher) ou encore la lointaine affaire Khalifa.

Tant d’indices qui prouvent que les Algériens sont sortis définitivement de leur mutisme et sont résolus à exercer leur pouvoir. Ce pays est le leur et ils sont les vrais décideurs de son avenir. Cette Présidentielle du 12/12 n’a rien réglé. Elle creuse un peu plus le fossé entre le peuple et le régime. Le problème reste entier.