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Messaoud Djanah, un journaliste à la retraite incarcéré pour une enquête sur la corruption au complexe de Bellara

Lynda Abbou | 09/10/21 14:10

Messaoud Djanah, un journaliste à la retraite incarcéré pour une enquête sur la corruption au complexe de Bellara

Le journaliste d’investigation algérien à la retraite, Messaoud Djanah, a été mis sous mandat de dépôt pour avoir publié des éléments d’une enquête à travers laquelle il révèle l’existence de « corruption » au complexe sidérurgique de Bellara à Jijel.

Contacté par Radio M, son fils, Farid Djanah, a confirmé que son père est à la prison de Jijel depuis lundi dernier. L’affaire fait suite, selon lui, à une plainte déposée par quatre membres du syndicat dudit complexe. « Mon père était poursuivi pour diffamation et insultes après une plainte du syndicat du complexe sidérurgique de Bellara » a précisé Farid Djanah.

Suite à cela, le journaliste à la retraite, a été convoqué par la police pour complément d’enquête lundi dernier, 4 octobre. Malgré le décès de son beau-frère la veille et l’obligation d’assister aux funérailles ce jour-là, Messaud Djanah a préféré se rendre à la police. Mais les choses se sont « malheureusement mal passées » a regretté son fils. Il a été transféré le jour même chez le procureur de la république qui a décidé une comparution immédiate, puis il a été mis sous mandat de dépôt avec renvoi du procès.

Il est actuellement poursuivi pour « diffusion de fausses informations » selon l’article 196 bis du Code pénal algérien. Cet article punie d’un « emprisonnement d’un an à trois ans et d’une amende de 100.000 DA à 300.000 DA, quiconque volontairement diffuse ou propage, par tout moyen, dans le public des informations ou nouvelles, fausses ou calomnieuses, susceptibles de porter atteinte à la sécurité ou à l’ordre publics. En cas de récidive la peine est portée au double ».

Les organisations et activistes des droits humains se sont montrés préoccupés par l’absence de définition des « informations fausses » dans la loi n°20-06. Pour eux, ce nouvel article confère aux autorités un pouvoir disproportionné et discrétionnaire, dans le sens où cette disposition pourrait être utilisée pour supprimer la couverture d’informations critiques et controversées.

Messaoud Djanah, aurait travaillé plus d’un an sur cette enquête dont il a publié des éléments sur les réseaux sociaux. « Mon père a récolté plus de 150 pages de correspondances, rapports et autres documents. Il a publié environ 30% de ce dossier sur les réseaux sociaux ainsi que des chiffres, chose qui lui a coûté la prison » a indiqué le fils du journaliste.

« Mon père a été emprisonné alors qu’il a 70 ans et qu’il a été touché par le coronavirus il y a uniquement une vingtaine de jours. Il est diabétique et hypertendu et a été privé d’assister à l’enterrement d’un membre de sa famille » a dénoncé Farid Djanah qui a salué l’élan de solidarité qui s’est manifesté autour de l’affaire de son père.

Le journaliste d’investigation au temps de Chadli Benjedid a officié à l’APS. Il sera jugé ce lundi 11 octobre 2021 au tribunal de Jijel.