Contre le Coronavirus, les attendus de la mondialisation (BLOG) - Radio M

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Contre le Coronavirus, les attendus de la mondialisation (BLOG)

Said Ait Ali Slimane | 30/03/20 11:03

Contre le Coronavirus, les attendus de la mondialisation (BLOG)

A  part quelques esprits bornés, tout le monde s’accorde, bon gré mal gré, à reconnaître que la pandémie mondiale actuelle sera jugulée grâce à la coopération internationale. Ce moment de vérité met à mal nombre de théories et points de vue hostiles à la mondialisation. Il replace au premier rang le rôle des pays avancés et des grands groupes pharmaceutiques dans la réponse sanitaire à ce fléau qui menace l’espèce humaine.

L’universalité de la personne humaine

«Pour apprendre à se bien connaître, le malheur est le plus grand des maîtres.» Cette citation d’un poète français du 19ème siècle, étendue à l’humanité, résume bien les moments que vit la population mondiale. Aucune localisation géographique, aucune croyance religieuse, aucune langue, aucune culture, aucune civilisation ne discrimine l’être humain face à la pandémie du coronavirus. L’unité du genre humain tant proclamée ou chantée par des générations de poètes, de révolutionnaires, de philosophes et d’hommes de religion trouve aujourd’hui sa pleine illustration. Cette vérité élémentaire  nous est rappelée par le malheur qui nous menace dans notre existence même. Pour emprunter au langage religieux, nous sommes tous des frères et des sœurs. Ce qui nous différencie, c’est l’opinion acquise par l’expérience, la formation et l’assimilation des héritages des cultures et civilisations. C’est par la reconnaissance de cette universalité de la personne humaine que sont nés les droits de l’homme et les libertés individuelles imprescriptibles. La liberté est inhérente à la personne humaine. L’homme n’appartient ni aux Nations, ni aux États, ni aux langues, ni aux religions. L’homme appartient à lui-même. Par le processus d’universalisation, cette mondialisation tant décriée, il acquiert de plus en plus la possibilité de choisir sa Nation, son État, sa langue et sa croyance ou religion, toutes choses nées au cours de l’évolution historique pour le servir et le protéger. Cette conception est à l’antipode de celles professées par les tenants de la dictature et de la militarisation du pouvoir qui sacralisent les institutions pour écraser la personne humaine. N’est-ce pas pour « atteinte à l’unité nationale », « atteinte à la sécurité de l’État », « atteinte au moral de l’Armée » et aux autres motifs d’inculpation imaginés pour réduire la liberté du citoyen algérien, qu’est menée en pleine crise sanitaire grave la répression la plus injuste et la plus odieuse. Dans ce climat de menace sur nos vies, résonnent les noms de Tabou,  de Draréni qui symbolisent les violations régulières de nos libertés en même temps que bien d’autres moins connus peut-être mais tout autant victimes directes de la répression. Mais dans cette double menace sur nos vies et nos libertés, la mondialisation consacre la coopération et la solidarité humaines.

Les attendus de la mondialisation

Si dans le domaine des libertés, la solidarité internationale au potentiel pourtant considérable tarde à se manifester, sur le plan sanitaire, c’est dans la coopération internationale que les Algériennes et les Algériens placent leurs espoirs immédiats. Ces espoirs sont fondés. L’humanité dispose dans les pays avancés de capacités scientifiques, technologiques et logistiques qui permettent de croire en la possibilité de trouver le vaccin et la thérapie idoines pour l’éradication de cette menace virale. Des premières solutions sont discutées et expérimentées. La recherche scientifique s’active. La concentration des moyens et la coopération entre les centres de recherche et les laboratoires pharmaceutiques donneront certainement les résultats attendus. Le savoir et le savoir faire accumulés par cette humanité a déjà fait ses preuves. C’est en effet de cette partie du monde que nous sont venus antibiotiques, anti-inflammatoires, techniques chirurgicales et imagerie médicale qui ont réduit les taux de mortalité et ont augmenté l’espérance de vie de la population mondiale. Mais par cécité idéologique, ceux qui veulent isoler notre pays nient cette réalité observable et mesurable. Ils refusent de considérer dans ces pays les conditions qui ont amené le développement des sciences et des techniques et des capacités à réaliser les inventions.  Ce nihilisme aboutit à orienter notre pays vers des impasses dont nous subissons aujourd’hui les conséquences. Plus soucieux de faire claquer au vent l’étendard de leurs convictions idéologiques, ils en viennent à continuer à prôner un anti-impérialisme ou anticapitalisme primaires, soutenant contre vents et marées les mesures étatistes ou collectivistes. Pourtant « les faits sont têtus ». 

Les conditions politiques et institutionnelles des pays avancés

Il est souvent soutenu que la science est à l’origine du développement conséquent des pays occidentaux. Il est clair qu’à l’origine, il fallait disposer d’inventions pour les appliquer. Mais c’est là une part de la vérité. Aujourd’hui, la science et la technologie sont disponibles pour des pays comme l’Algérie. La formation, l’achat de brevets, le recours à des experts étrangers sont autant de moyens accessibles. Mais alors qu’est-ce qui explique que cette disponibilité de la science et de la technologie n’a pas permis à des pays comme le notre de sortir de leur état retardataire ? La réponse est dans l’histoire des pays développés. C’est par leurs capacités à favoriser d’une manière continue l’épargne, l’accumulation des capitaux et l’investissement que les inventions ont pu être mises en application par des citoyens dont la propriété et les libertés étaient protégées. A leur début, ils avaient à investir d’abord dans les industries extractives. Puis dans la transformation des métaux et enfin dans la production de machines. Il a fallu du temps pour que ces pays arrivent aux industries de transformation qui touchent directement les millions de consommateurs. Ce temps long, les pays comme l’Algérie ne le supportent pas. Grâce aux investissements étrangers dans leur pays ou en Algérie, les machines et équipements industriels sont acquis et peuvent permettre à l’Algérie de développer ses secteurs industriels pour satisfaire les besoins des consommateurs. Mais les conditions politiques, État autoritaire et menaçant la propriété privée, les institutions bancaires et de crédit défaillantes, l’instabilité fiscale, les entraves bureaucratiques, le climat arbitraire de violations des droits aux libertés et à une justice équitable, sont autant de blocages paralysant l’initiative et la prise de risque. Dans ces conditions, l’accumulation des capitaux n’est pas à la hauteur des besoins d’investissement. L’État centralisateur, prétendant à la planification générale bloque le développement. Gestionnaire d’une rente pétrolière considérable, il a failli parce qu’il est incompétent et soumis à des intérêts particuliers. Il gaspille les ressources et se livre à une politique sociale démagogique pour maintenir le régime politique autoritaire. Le succès des pays occidentaux réside dans le respect de la propriété privée et de la liberté d’investir et dans le rôle contenu de l’État. Il ne sert à rien de continuer à jouer les victimes d’un passé colonial ou d’un hypothétique pillage des ressources alors que nous sommes maintenant à près de 60 ans d’indépendance, de souveraineté nationale si fièrement agitée. La fin de l’impérialisme colonial a laissé place à la coopération économique internationale. Les investisseurs n’interviennent pas certes par charité mais pour leurs intérêts personnels. Le défaut d’investissements est la pire situation économique. Alors pourquoi continuer à invoquer des raisons politiques ou idéologiques là où doivent prédominer les lois de l’économie ? L’expérience récente montre que c’est pour protéger des intérêts particuliers et le pouvoir politique confisqué. Les Algériennes et les Algériens ont le devoir de surmonter avec succès la période de menace virale. Ils ne doivent certainement pas prêté l’oreille aux prophètes de malheur qui croient profiter des angoisses et du désarroi ambiant pour remettre en selle les « solutions » qui nous ont conduits depuis l’Indépendance à la vulnérabilité économique et sanitaire actuelle.