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Visite de Tebboune à Moscou: le grand blackout

Radio M | 14/05/23 17:05

Visite de Tebboune à Moscou: le grand blackout

Depuis l’annonce en janvier 2023 de l’agenda des visites d’État du président Abdelmadjid Tebboune en France et en Russie, beaucoup d’encre aura coulé sur les dates de ces visites. Mais jusqu’à l’heure, rien ne filtre sur le maintien ou non de ces visites, particulièrement celle à Moscou, au regard de la tournure prise par les événements en Ukraine, le peu de préparatifs et la nouvelle donne induite par la résolution du parlement européen.

Depuis la remise de l’invitation officielle fin mars dernier à Abdelmadjid Tebboune par la présidente du Conseil de la Fédération de Russie, Mme Valentina Matvienko, dont la visite était précédée un mois plutôt par celle du secrétaire du Conseil de sécurité russe Nicholaï Patrouchev, la visite envisagée est entourée de la plus grande discrétion. Ni échanges de visites entre responsables des deux capitales, ni réunions de commissions spécialisées pour la préparation des dossiers qui seraient éventuellement à l’ordre du jour. Tout se passe comme si le timing semble contraignant compte tenu de la complication de la guerre en Ukraine et ses répercussions géostratégiques.

Même si cette visite projetée ne focalise pas trop d’intérêt au sein de l’opinion, tel ne semble pas être le cas avec celle, non moins importante, prévue en juin prochain en France. Très attendue des deux côtés de la Méditerranée, cette visite est appelée à conforter la relation entre Paris et Alger après la récente brouille née de l’affaire Amira Bouraoui, laquelle avait provoqué un séisme diplomatique entre les deux capitales.

Initialement fixée pour le mois de Mai, la visite de Tebboune à Paris a été annulée après les tensions diplomatiques provoquées par l’affaire Amira Bouraoui (s’est enfuie vers la France via la Tunisie le 6 février 2023). Un incident qui avait poussé Alger à rappeler, le 8 février dernier, son ambassadeur à Paris, Saïd Moussi. Ce dernier n’a repris ses fonctions qu’en début du mois d’avril 2023.

Ce retour de Said Moussi à Paris est perçu comme un signe du retour à une normalisation des relations entre les deux pays. D’ailleurs, c’est ce qui a permis d’annoncer, le 23 avril dernier, une nouvelle programmation de la visite de Tebboune à Paris pour la deuxième moitié du mois de juin, suite à l’appel téléphonique entre Tebboune et Macron. Une visite, cependant, qui s’annonce laborieuse après la dernière résolution du parlement européen sur la liberté de la presse en Algérie à laquelle auraient participé des députés proches…d’Emanuel Macron. Même si elle n’est pas contraignante, cette résolution se décline, aux yeux des observateurs, comme une pression à l’égard d’Alger appelée à desserrer l’étau sur les activités de la société civile et sur la presse. Mais, surtout libérer les journalistes injustement incarcérés, à l’image d’Ihsane El Kadi, responsable d’Interfaces Médias. Rejetée par nombre de partis proches du pouvoir et par certaines institutions, cette résolution pourrait toutefois impacter cette visite, si, d’ici le mois de juin, des évolutions ne sont pas enregistrées.

Incertitudes

Alors que les grandes lignes de l’agenda de la visite d’État de Abdelmadjid Tebboune à Paris sont plus ou moins connues, notamment au regard des multiples échanges entre responsables des deux pays, conjugués aux travaux des différentes commissions (mémoire, économie, culture, jeunesse…), le doute plane de plus en plus sur l’annonce de la date du voyage du président à Moscou. Peu ou prou d’informations sont communiquées autour de cette visite.

Jusqu’aujourd’hui, aucune date n’est fixée et un doute s’installe laissant penser à un éventuel report en raison des nouvelles évolutions de la guerre russo-ukrainienne, mais aussi des préparatifs, côté russe, de de la visite “risquée” en Afrique du Sud de Vladimir Poutine, en août prochain pour assister au Sommet des BRICS.