Dans une tribune au vitriol, Abdelwahab Fersaoui, figure emblématique du mouvement démocratique algérien et l’un des fondateurs du Rassemblement Action Jeunesse (RAJ), dresse un constat sans concession de la situation politique à quelques mois de la présidentielle de 2024.

Cinq ans après l’émergence d’un formidable espoir démocratique avec le Hirak, “l’Algérie continue à vivre une situation d’asphyxie et de paralysie politique”. Le verrouillage du système s’est même durci : le pouvoir, acculé, a “tout verrouillé politiquement et médiatiquement” et étouffe impitoyablement toute opposition. La classe politique semble elle-même “dans l’attente” des consignes d’en haut et manque cruellement “d’initiative”.

Pourtant, en dépit de la manne financière des hydrocarbures et d’intenses efforts de propagande promouvant une hypothétique “Algérie nouvelle”, le fossé n’a jamais été aussi grand entre gouvernants et gouvernés. Sur le plan socio-économique, “le diagnostic est alarmant”, note Fersaoui. Quant aux libertés fondamentales, elles ne cessent de reculer.

Ce triste constat souligne l’échec patent de la stratégie du régime, acculé dans une impasse : “Le système est en crise, il a atteint ses limites et ne peut produire de solution”. Et le militant de mettre en garde : “son entêtement ne peut que faire perdre plus de temps et nuire davantage”.

Pourtant, une fenêtre d’opportunité existe peut-être, estime Fersaoui : les élections de 2024. Certes, dans le contexte actuel, ce scrutin pourrait n’être qu’une “farce électorale” de plus. Mais le militant en appelle à la responsabilité de tous : ces élections sont potentiellement “très importantes, même déterminantes pour l’avenir de l’Algérie”.

Elles représentent une chance historique d’enclencher une transition démocratique pacifique, à condition que le pouvoir assouplisse sa position et que les partis d’opposition, jusque là divisés et inaudibles, parviennent cette fois à définir une stratégie commune. C’est à ce prix qu’un “front” démocratique crédible pourra voir le jour et porter le ferment d’espoir d’un vrai renouveau politique, prolongeant ainsi l’extraordinaire élan citoyen du Hirak par des moyens cette fois politiques.

C’est le message exigeant qu’adresse Abdelwahab Fersaoui à la classe politique. Un message porteur, selon lui, d’un “impact positif” quoi qu’il arrive et qui prolongerait sous une forme politique structurée l’élan populaire du Hirak.