Mehenni défit Alger en réclamant la reconnaissance de son “gouvernemenet provisoire” à Abu Dhabi - Radio M

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Mehenni défit Alger en réclamant la reconnaissance de son “gouvernemenet provisoire” à Abu Dhabi

Radio M | 14/04/24 10:04

Mehenni défit Alger en réclamant la reconnaissance de son “gouvernemenet provisoire” à Abu Dhabi

Dans une déclaration pour le moins grave, Ferhat Mehenni, président du Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie (MAK), a adressé un appel officiel aux Émirats Arabes Unis les exhortant à reconnaître le “gouvernement provisoire kabyle” qu’il dirige. 

Cette requête aux accents hostiles envers Alger soulève de nombreuses interrogations, tant sur le plan juridique que politique. Bien plus qu’une simple provocation, cette démarche traduit en réalité un opportunisme dangereux.

En effet, en brandissant la menace d’un “ennemi commun”avec Abou Dhabi dans une tentative de rallier les Émirats à sa cause, Mehenni fait montre d’un opportunisme qui pourrait attiser les tensions avec le pouvoir algérien. Par ailleurs, cette manœuvre populiste apparaît comme une manière détournée de défier l’autorité de l’État et de galvaniser les indépendantistes kabyles les plus radicaux.

Cherchant à justifier son appel, “Nous avons besoin d’un soutien politique de la part de tous les pays du monde”, a déclaré M. Mehenni dans un message sur les réseaux sociaux, faisant référence aux luttes menées par les Kabyles pendant la guerre d’indépendance algérienne. Cependant, cette référence historique ne suffit pas à conférer une quelconque légitimité à ses prétentions actuelles, qui semblent déconnectées de la réalité.

En parallèle, selon M. Mehenni, l’Algérie s’en prendrait aux Émirats car elle les soupçonnerait de soutenir les aspirations indépendantistes des Kabyles. Toutefois, cette affirmation relève davantage de la spéculation que de faits avérés, dans un contexte de tensions géopolitiques régionales complexes.  

Bien que cette saillie oratoire de Mehenni relève peut-être davantage de la provocation que d’une réelle stratégie politique, elle n’en demeure pas moins une dérive dangereuse qui pourrait compromettre les fragiles équilibres institutionnels en Algérie.

Un mouvement sans légitimité

En effet, malgré ses revendications, M. Mehenni ne dispose d’aucune assise concrète en Algérie, où le mouvement indépendantiste kabyle qu’il préside, le MAK, est considéré comme une organisation terroriste par les autorités. De plus, son “gouvernement provisoire” n’a aucune légitimité sur le terrain et ne représente qu’une poignée de militants en exil.

Cependant, pour certains observateurs, “le MAK est plus un mouvement politique qui participe activement au retour de l’état d’exception qu’une entité terroriste comme le classe le régime algérien”. Autrement dit, “ses activités ont pour effet de justifier le recours par le régime à des mesures d’exception, au détriment des libertés fondamentales”, estime un juriste.

Dans cette optique, “la qualification de ‘’terroriste’’ n’est peut-être pas la plus juste, mais le MAK représente néanmoins une menace pour la stabilité et l’ordre établi aux yeux des autorités algériennes. C’est cette perception qui conduirait à un traitement répressif à son égard, malgré ses revendications politiques”, explique encore notre interlocuteur.