Quarante années se sont écoulées depuis la promulgation du Code de la famille, et pourtant ce texte législatif cristallise toujours les tensions. Bien que des avancées aient été accomplies, les voix militantes s’élèvent avec vigueur pour réclamer son abrogation totale, le considérant comme une entrave manifeste à l’égalité hommes-femmes consacrée par la Constitution.
C’est en 1984, sous l’ère du parti unique, que ce corpus juridique a vu le jour, pour être amendé une première fois en 2005. Mais ces rectifications se sont avérées insuffisantes aux yeux des associations féministes et de défense des droits humains. En 2015, l’ex-président Abdelaziz Bouteflika a tenté de nouvelles réformes, mais le résultat reste insatisfaisant selon ses détracteurs.
Au cœur des réserves émises, la polygamie reste autorisée par l’article 8, légitimant une pratique considérée comme attentatoire à la dignité féminine. L’article 11 sur la tutelle matrimoniale obligeant les femmes à obtenir l’aval d’un homme pour se marier fait également tache. Une mainmise jugée contraire à l’autonomie et à la liberté individuelle.
Mais c’est surtout sur le droit au divorce que les inégalités sont les plus criantes. Quand les hommes peuvent répudier quasi unilatéralement (articles 48, 52), les femmes doivent invoquer des motifs restrictifs et complexes à justifier (articles 53, 54). Une distorsion qui fragilise leur situation juridique et sociale.
L’autre point noir réside dans la déchéance potentielle de l’autorité parentale pour les femmes remariées, les privant alors de la garde de leurs enfants. Une disposition jugée injuste et contraire à l’intérêt supérieur des mineurs.
Enfin, sur les questions d’héritage (articles 142, 145, 156), le Code maintient une différence de part entre les genres, renforçant un peu plus les disparités économiques.
Face à ces manquements, les revendications se font pressantes pour faire évoluer en profondeur cette législation vieillissante. Mettre la loi en conformité avec la Constitution et les conventions internationales, abolir toute disposition discriminatoire, garantir une pleine égalité juridique dans le mariage, le divorce, la filiation, l’autorité parentale ou la succession… Un réaménagement de fond s’impose.
Si de récents efforts ont été entrepris, le Code de la famille suscite encore aujourd’hui les attentes d’un changement législatif en phase avec les principes d’égalité des genres et de protection des libertés individuelles. Un travail de longue haleine que réclament les mouvements féministes et de défense des droits humains.
