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L’Algérie refuse le visa pour Annie Ernaux, prix Nobel de littérature et soutien de Ihsane EL Kadi

Radio M | 24/10/23 14:10

L’Algérie refuse le visa pour Annie Ernaux, prix Nobel de littérature et soutien de Ihsane EL Kadi

Alors qu’elle devait participer, sur invitation de l’institut français d’Algérie au Salon international du livre (SILA), qui s’ouvre ce mercredi à Alger, l’écrivaine française et prix Nobel de littérature 2022, Annie Ernaux, s’est vue refuser l’octroi du visa par l’Algérie, a-t-on confirmé de source diplomatique.

Notre source n’a pas précisé cependant les raisons de ce refus. Grande figure de la littérature française, Annie Ernaux est connue pour ses positions tranchées en faveur de plusieurs causes, comme la Palestine. Dans une tribune publiée dimanche 22 octobre 2023 dans le journal « L’humanité », elle a appelé, en compagnie de nombreux acteurs, actrices, réalisatrices et autres artistes « à un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel à Gaza ».

Au mois de mai dernier, elle avait également signé une tribune dans le quotidien Le Monde, avec des intellectuels dont le linguiste américain, Noam Chomsky, la romancière indienne, Arundhati Roy et le cinéaste britannique, Ken Loach, appelant à la libération du journaliste incarcéré, Ihsane El Kadi, directeur de Radio M et de Maghreb Emergent.

Ce refus de délivrance de visa à cette écrivaine de talent n’a pas manqué de faire réagir les internautes.

« En fermant la porte de notre pays au nez d’Annie Ernaux, en lui refusant un visa pour l’Algérie, ceux qui ont pris cette décision font une triste erreur politique et culturelle » a écrit sur son compte Facebook la journaliste Ghania Mouffok.

« On ne ferme pas la porte à une amie dans ces moments graves de confrontations culturelles aux contours dramatiques où chaque pays compte ses amis, ses alliés, pour poser sa voix et se faire entendre. Annie Ernaux, écrivaine française, invitée au salon du livre d’Alger par l’Institut Français, prix Nobel de littérature, est devenue une des grandes voix du monde qui se déchire, par l’invention d’une langue serrée, précise qui lui a permis de rendre visible les invisibles, depuis sa propre famille, son père, sa mère, son corps, sa classe, sa place avant de questionner l’invisibilité dans laquelle on enferme l’histoire des écrasés qui résistent quand même : des femmes, des peuples comme les palestiniens, des gens comme les écrasés économiques » a-t-elle ajouté.

Cette interdiction intervient au lendemain de l’annonce par les Editions Koukou de son exclusion de la participation au Sila 2023. Selon son directeur Arezki Ait-Larbi, aucune justification ne lui a été fournie.