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Élections présidentielles anticipées : le clan présidentiel se réjouit, l’opposition se braque

Radio M | 23/03/24 14:03

Élections présidentielles anticipées : le clan présidentiel se réjouit, l’opposition se braque

L’annonce soudaine par le président Abdelmadjid Tebboune de convoquer les Algériens aux urnes le 7 septembre 2024, soit trois mois avant la fin théorique de son mandat, pour une élection présidentielle anticipée, a suscité de vives divergences au sein de la classe politique sur les “motivations profondes” de cette décision inattendue.

Tandis que le président affirme vouloir “préserver les échéances constitutionnelles” et marquer sa “confiance” envers le peuple selon l’Agence officielle APS, de nombreuses voix se sont élevées pour remettre en cause ces justifications.

Zoubida Assoul, en première ligne, a dénoncé un inexplicable “revirement” par rapport aux engagements initiaux de respecter l’échéance légale de décembre 2024. “Quel est l’événement majeur justifiant ce changement ? Le peuple n’est-il pas en droit de connaître les véritables motivations ?”, a-t-elle lancé, contestant même la qualification “d’anticipée” pour cette élection.

Mahmoud Rechidi, ancien secrétaire général du PST, a évoqué l’hypothèse de “graves dissensions au sein du régime” pouvant expliquer cette précipitation électorale. Selon lui, cette décision vise surtout à “exclure le peuple” de ce processus décisionnel majeur. 

D’autres ont carrément dénoncé une potentielle “manœuvre” du pouvoir ayant pour but de préparer sereinement un second mandat pour Tebboune, loin des soubresauts d’une fin de mandat classique.

Le RCD s’est également inquiété des “motivations profondes” de cette décision qui selon lui “ressemble à un coup de force”. Le parti regrette qu’ “aucune force politique ne soit officiellement associée ou consultée” sur ce changement d’agenda électoral soudain.

Face à cette pluie de critiques, les explications avancées par l’APS, évoquant un simple “retour à la normalité” post-Hirak et d’obscurs “calculs géopolitiques” régionaux, peinent à convaincre pleinement, ne levant pas le voile sur les réelles motivations de cette précipitation électorale.

Certaines voix ont néanmoins accueilli favorablement cet appel aux urnes avancé, à l’instar du FLN qui y voit “la traduction du souci constant de préserver les échéances électorales constitutionnelles”. Le RND et le MSP se sont également dits “disponibles” pour ce scrutin.

Ainsi, si le camp présidentiel et ses alliés politiques se sont réjouis d’un scrutin censé apporter “stabilité” et “continuité” à l’État, l’opposition et une partie de la société civile ont dénoncé l’opacité de cette décision dont les tenants et aboutissants restent flous.

Cette décision inattendue a donc cristallisé les tensions et ravivé les fractures au sein d’une classe politique partagée entre soutien au clan présidentiel et défiance envers le chef de l’État.