Début triste du Ramadan à Blida : l'odeur de la charbet et de la zlabia ne sont plus là - Radio M

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Début triste du Ramadan à Blida : l’odeur de la charbet et de la zlabia ne sont plus là

Ghada Hamrouche | 25/04/20 14:04

Début triste du Ramadan à Blida : l’odeur de la charbet et de la zlabia ne sont plus là

Blida entame le Ramadan 2020 avec une certaine tristesse. Même si le confinement total imposé à la région depuis le 24 mars 2020 a été allégé à la faveur du début du mois sacré, l’ambiance n’est plus la même. « Jamais vu un Ramadan aussi mélancolique. On ne retrouve plus nos marques », se désole Farid, marchand de légumes. Ces dernières semaines, il a passé son temps à se déplacer d’un quartier à un autre pour vendre ses légumes. Le souk du centre ville a été momentanément fermé pour les marchands des produits frais. Avec le début du Ramadan, l’activité semble reprendre d’une manière partielle dans ce souk, habituellement bondé durant le mois sacré. Cette année, les clients sont là, mais moins nombreux. Les règles de distance sociale ne sont pas respectées sur les lieux et rares sont les revendeurs qui portent des masques et des gants. « Après, à la maison, lavez les légumes et les fruits avec de l’eau et de la javel », conseille Hamid, à une dame d’une certain âge qui s’interrogeait sur les conditions d’hygiène. « Où sont donc les senteurs de Charbet et de Zlabia? », souligne l’acheteuse. Elle rappelle que la ville des roses était, par le passé, la destination préféré de toutes les régions voisines dont Alger. « A Blida, on sent bien l’odeur du Ramadhan. C’est une ambiance particulière », insiste-t-elle avant de prendre deux bouquets de menthe et de coriandre, nécessaires à la chorba frik. A Boufarik, le président d’APC a pris la décision d’autoriser certaines familles à produire de la zlabia dans les maisons avec une distribution limitée de ce gâteau au miel, très prisé durant le Ramadan et qui fait la réputation de la ville des oranges.

Tartes aux fruits en vente sur Facebook !

La plupart des magasins de gâteaux orientaux sont fermés. Certains patissiers proposent la vente de leurs tartes aux fruits, kalb louz ou zlabia via Facebook, avec possibilité de livraison à domicile jusqu’à 14 h, heure du début du couvre-feu. Les grandes tartes sont proposées à 400 dinars, les petites entre 35 et 50 dinars. Les familles blidéennes s’adaptent, elles, à la situation, inédite en pluieurs aspects. « Nous préparons nos gâteaux à la maison. Nous reprenons la belle tradition de nos grand-mères. Ce soir, je vais préparer kobzet tounes et des q’taifs », explique nacima, native de Douirette, vieux quartier de Blida. A Douirette, qui jadis sentait la fleur d’oranger et les jasmins, l’habituelle ambiance du Ramadhan n’est pas là. Quelques boutiques sont ouvertes et les petites ruelles arrosées de pluie sont presque désertes. « Pour nous, c’est juste un dur moment qui va passer. Balak, avec l’Aïd, la vie va reprendre son cours normal. Nous faisons nos prières à la maison et nous demandons à Allah de nous délivrer de ce mal », confie âami Moussa, habitant du quartier. Sur les réseaux sociaux, le mouvement associatif s’organise pour distribuer des colis alimentaires sur les familles nécessiteuses puisqu’il n’est plus possible d’organiser des iftars collectifs, comme c’était le cas par le passé.

Les magasins du prêt à porter restent fermés.

A Boufarik, Ouled Yaïch ou Bouarfa, les marchés sont ouverts et le comportement est ordinaire comme s’il n’y a pas de pandémie de Coronavirus dans la région. Blida, foyer du Covid-19, enregistre, selon le dernier bilan, 730 sur les 3127 cas confirmés, soit 23 % du nombre total des cas au niveau national. Les blidéens ont désormais le droit de sortir entre 7h et 14 h. Cela a crée des bousculades devant les grandes surfaces comme Top Shop et Family Shop en raison du temps limité de sortie. Des magasins qui ont pris quelques précautions comme le port obligatoire des masques et la distanciation sociale devant les caisses. Les magasins du prêt à porter restent fermés. Leurs gérants multiplient les appels pour qu’ils soient autorisés à ouvrir au moins pendant la deuxième semaine du Ramadhan. « Sinon, les blidéens n’auront pas où acheter les vêtements de l’Aid », souligne l’un d’eux.

Hausse vertigineuse des prix

A Blida, comme ailleurs dans le pays, les commerçants n’ont eu aucune « pitié » pour les consommateurs en ce début du Ramadhan, mois de piété. A Khezrouna, Bouarfa, Chiffa et Beni Merad les prix des fruits et légumes ont explosé. Les courgettes sont cédées à 120 dinars, les tomates à 90, les artichauts à 130, les poivrons à 100 dinars , salades à 110 dinars et les fraises à 280 dinars. Les viandes rouges connaissent une légère hausse: viande ovine vendue à 1500 dinars le kilo, bovine à 1300 dinars. A Bab Errahba, un boucher a organisé ses clients de sorte à ce qu’ils attendent en respectant la distance nécessaire. « Nous avons adopté cette mesure dès le début par respect des règles de prévention contre le Coronavirus. Nous vendons un produit sensible. Ces mesures sont bons pour nous et pour nos clients », explique un jeune vendeur. Certains quartiers de Blida comme Bab El Khouikha, Brakni et Feroudja souffrent de coupures d’eau alors que d’autres comme au Sud de la ville, du côté de Rmel, ou au Nord, du côté de Ouled Yaich se plaignent du non ramassage des ordures dans une ville où les règles d’hygiène doivent théoriquement être strictes. Ce relâchement des services communaux n’a aucune explication malgré toutes les assurances données par les autorités locales.

Les stations-service reprennent leurs activités

La station-service Yasmina, située vers la sortie Nord de Blida, est prise d’assaut par les automobilistes depuis les premières heures de la matinée. Là, aussi, les règles de prévention ne sont pas au rendez-vous. Le wali de Blida Kamel Nouicer a annoncé que les 65 stations-service de la wilaya vont reprendre leurs activités après la levée du confinement total. Le wali a autorisé la reprise partielle de l’activité industrielle sous certaines conditions comme le respect des normes de distanciation sociale dans les unités et la réduction de la main d’oeuvre. Le transport des travailleurs est assuré par les employeurs. « L’activité agricole ne pose pas beaucoup de problèmes sur le plan sanitaire. Cette activité se déroule en milieu ouvert. Idem pour le transport des marchandises et des matières premières nécessaires pour les activités industrielles. Donc, on prépare graduellement l’après éradication de la pandémie pour éviter un arrêt total de l’économie dans la région », a-t-il déclaré