Débat télévisé : ce que proposent les cinq candidats pour relancer l'économie - Radio M

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Débat télévisé : ce que proposent les cinq candidats pour relancer l’économie

Ghada Hamrouche | 07/12/19 13:12

Débat télévisé : ce que proposent les cinq candidats pour relancer l’économie

Lors du débat télévisé, « La route vers le changement », diffusé vendredi 6 décembre par l’ENTV et des chaînes privées, les cinq candidats à l’élection présidentielle du 12 décembre ont abordé les questions économiques et sociales.

Abdelaziz Bélaid

« Nous avons plus de 400.000 diplômés qui sortent de l’université chaque année. Il faut se concentrer sur deux secteurs pour développer l’économie : l’agriculture et le tourisme. Il est nécessaire d’aider à l’émergence de coopératives agricoles avec une nouvelle vision. Avec 10 hectares chacune, nous pouvons avoir 1000 coopératives ayant la capacité d’employer jusqu’à 500.000 travailleurs dont des diplômés d’université au niveau national comme les agronomes et les vétérinaires. Elles doivent être accompagnées par les banques. Il existe 54.000 hectares de terrain réservé à l’investissement touristique. Le défunt Houari Boumediène a construit 1000 villages agricoles, nous, nous pouvons construire 1000 villages touristiques. Cela créera des opportunités supplémentaires d’emploi pour les jeunes. C’est une manière d’économiser la devise aussi. Chaque année, plus de trois millions d’algériens partent à l’étranger pour leurs vacances ». « Nous sommes entrés en 1989 dans l’économie de marché avec des slogans. Notre réflexion est toujours socialiste. Nous devons libérer l’économie nationale de la gestion bureaucratique. Les 52 milliards de dollars qui sont dans l’économie parallèle peuvent être récupérés. Pour cela, il faut mettre en confiance ceux qui détiennent ces fonds, qui n’ont pas pour origine des activités criminelles, par la suppression de la fiscalité et par le soutien à l’investissement. Nous dépensons 17 milliards dollars pour les subventions des produits de première nécessité. Il faut soutenir les personnes démunies, selon des mécanismes à adopter au niveau local, au niveau des communes qui connaissent mieux les populations dans le besoin. Les produits subventionnés sortent de nos frontières à la faveur de la contrebande. Il faut améliorer la collecte des impôts avec élargissement de l’assiette fiscale ». « Nous devons ouvrir les portes pour les algériens de l’étranger d’investir dans le pays, ouvrir les portes aussi aux compétences scientifiques algériennes établies à l’étranger qui peuvent contribuer au développement en Algérie. La communauté algérienne à l’étranger est une force économique que nous devons solliciter surtout en cette période. Je propose de supprimer l’article 51 de la Constitution (qui interdit les binationaux d’accéder à des postes de responsabilité en Algérie) ».

Ali Benflis

« Le taux de chômage est de 30 % chez les universitaires et 12 % chez les autres. L’ancien système corrompu a politisé l’acte économique. Il faut donc supprimer cette politisation, lutter contre la bureaucratie, créer un climat d’affaires et mettre l’entreprise au cœur de l’économie. C’est de cette manière qu’on peut lutter contre le chômage. Je propose de créer une banque spécialisée pour les PME. Je vais créer un ministère qui se chargera de la numérisation de l’économie. La numérisation nous permettra d’avoir des informations précises sur toutes les activités économiques. Cela va créer des centaines de milliers de postes d’emploi. Il faut lutter contre l’évasion fiscale et la corruption dans le commerce extérieur. Le taux de la surfacturation dans les opérations d’importation est estimé à 30 %. Je promets de réduire le budget de fonctionnement de l’Etat de 20 %  ». « Les dossiers du pouvoir d’achat et des subventions sont liés. L’effondrement du pouvoir d’achat a touché toutes les catégories sociales y compris ce qui était appelée la classe moyenne. Les subventions doivent être maintenues pour les plus faibles au sein de la société, pas pour aider les plus riches. Je propose une économie sociale du marché avec une juste répartition des richesses et une liberté d’entreprendre ». « Huit millions d’algériens vivent à l’étranger. Les architectes de la destruction en Algérie ont exclu cette communauté (article 51 de la Constitution) et ont divisé le peuple en deux, ceux de l’intérieur et ceux de l’extérieur. Je vais supprimer cette division. L’algérien vivant en dehors du pays est toujours considéré comme un investisseur étranger lorsqu’il exprime l’intention de lancer des projets en Algérie. Des expertises et des compétences sont marginalisés ».

Azzeddine Mihoubi

« La machine économique est en panne, ne peut pas créer des postes d’emploi. Le problème doit être traité d’une manière économique et pas sociale. Les solutions sociales existent, mais cela ne réussit pas tout le temps. Des jeunes créent des entreprises qui font faillite. Il faut donc un véritable décollage économique avec création d’entreprises productrices de richesse. Cela est notamment valable pour l’agriculture puisque l’Algérie est un grand pays agricole mais l’exploitation des terres ne se fait pas comme il le faut. Il est donc nécessaire d’ouvrir la voie à des investissements étrangers et nationaux. Cela peut créer des opportunités d’emploi pour les jeunes. Il y a également des opportunités dans les secteurs des services, des nouvelles technologies, du tourisme. Il est important d’appuyer les Start up. Je propose d’amender toutes les lois relatives à l’économie pour introduire plus de souplesse, supprimer la règle 51/49, soutenir les PME, développer des projets dans le Sahara… ». « Il est hors de question de remettre en cause la politique sociale de l’Etat. Les couches fragiles de la société, comme les veuves ou les personnes âgées, doivent être protégées par l’Etat. Il faut introduire de la rigueur dans la distribution des logements sociaux. Il y a des gens qui font du business avec ces logements. Je propose de supprimer l’IRG pour les salaires de moins 30.000 dinars. Cela va booster la consommation. Il faut soutenir les femmes au foyer qui veulent produire et qui ont besoin de micro crédits ». « Je propos de créer un Conseil national de la communauté algérienne à l’étranger. Nous devons améliorer les conditions de déplacement des algériens de et vers l’étranger surtout dans le domaine de l’économie et de l’investissement. Il faut donner les mêmes avantages aux algériens de l’étranger pour investir au pays. Je m’engage à supprimer l’article 51 de la Constitution ».

Abdelmadjid Tebboun

« Il existe plusieurs politiques pour lutter contre le chômage. La première politique est d’intégrer les jeunes dans l’économie du savoir pour créer les Start up et les micros entreprises. Le chômage chez nous est la conséquence d’une économie non structurée, sous-développée. C’est une économie dispersée, il n’y a pas d’interactions entre les secteurs. Elle est orientée essentiellement vers l’importation, fonctionne avec la commande publique. Il faut reconstruire une économie forte pour sortir de la rente. La seule richesse que nous avons est le pétrole. 89 % de l’argent qui circule, y compris dans le secteur privée, est d’origine bancaire, des banques publiques. Autrement dit, cet argent vient du pétrole. Il faut engager une réflexion avec les économistes pour sortir de cette situation. Notre agriculture couvre plus au moins nos besoin, mais il n’y a pas d’exportation des produits agricoles. Il n’existe pas de politique pour les industries de transformation des produits agricoles. Pour l’industrie, on ne fait que du montage de « légos » importés. Je propose de rétablir le CNES, Conseil national économique et sociale, dans ses missions ». « Presque 35 % des algériens vivent dans des conditions difficiles. La valeur du dinar s’est effondrée. Je suis certain que le taux d’inflation actuel n’est pas de 4, 8 %. 60 milliards de dollars ont été injectés dans l’économie nationale à travers le financement non conventionnel, sans contrepartie. Je propose que les salariés de moins de 30.000 dinars ne payent pas les impôts et je m’engage à revaloriser le SNMG ». « Le changement se fera avec des compétences, pas par des allégéances. Notre communauté à l’étranger compte beaucoup de compétences dont l’Algérie a besoin. Aux Etats Unis, un algérien formé à l’université de Bab Ezzouar mène actuellement le projet spatial pour conquérir la planète Mars. Nous devons adopter des lois qui permettent à nos compétences de s’intégrer dans l’économie nationale ».

Abdelkader Bengrina

« L’économie algérienne est dans une situation catastrophique. Tous les indices sont négatifs à part celui de l’inflation passé de 4,7 à 4, 3 % parce qu’il n’y a pas eu recours à la planche à billets durant le premiers semestre 2019. Pour créer l’emploi, il faut soutenir les entreprises. Nous nous concentrons sur quatre secteurs essentiels : les énergies renouvelables, l’agriculture, le tourisme et l’industrie. Nous nous engageons à augmenter le taux de développement du tourisme pour passer de 2 à 4 % , l’agriculture de 13 à 20 % et l’industrie de 5 à 10 %. Il faut améliorer le climat d’investissement en révisant les lois et le système bancaire avec un assainissement des fonciers industriel et agricole. Je propose de construire une économie diversifiée bâtie sur l’exportation, pas sur l’importation ». « Le gouvernement ne communique pas les vrais chiffres sur l’inflation. Pour trouver des solutions sociales, il faut régler le problème économique, faire parvenir les subventions à ceux qui les méritent comme les 500.000 algériens, handicapés à 100 %. L’aide sociale ne doit pas être donnée en contrepartie d’une carte de vote ou d’une voix aux élections. Il faut soutenir les femmes au foyer qui veulent créer des micro entreprises d’artisanat ». « Je propose de créer un ministère qui s’occupera de la communauté algérienne à l’étranger. Il faut créer des écoles algériennes à l’étranger. Dans notre programme, il est prévu l’ouverture de représentations des banques algériennes à l’étranger pour faciliter l’investissement et le transfert d’argent. Plus de 6000 algériens, des cerveaux, dirigent des centres de recherche à travers le monde. Nous devons rassembler les conditions pour qu’ils reviennent au pays contribuer à son développement ».