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Alger, ces artistes de rue qui sèment la bonne humeur

Radio M | 12/06/22 17:06

Alger, ces artistes de rue qui sèment la bonne humeur

Oh non, ce ne sont ni les planches d’une salle de spectacle, ni celles d’un théâtre qu’ils occupent chaque jour, mais seulement un bout de trottoir. Ils, ce sont les artistes de rue -musiciens, plasticiens, dessinateurs- que l’on a, à un moment donné, pourchassé par ci, mais que l’on applaudit aujourd’hui par-là, sur les trottoirs d’Alger.

Un bout de trottoir, disions-nous. C’est leur espace, si minuscule soit-il, mais qui leur permet, malgré tout, cette possibilité de donner à voir de leur talent artistique sous le regard des passants, lesquels, aussi curieux qu’émerveillés, s’arrêtent quelquefois pour apprécier leur musique ou admirer leur travail de portraitistes ; un travail souvent exposé à même le sol…

Guitares, baffles, micros, chevalets…Eh oui, chaque jour que Dieu fait, les quelques artistes habitués de la place Audin ou des environs immédiats, deuxième centre nodal d’Alger après la place Emir Abdelkader, installent leur matériel au même endroit. C’est là, comme d’habitude, qu’ils vont passer leur journée. Ils ont certes choisi de travailler dans la rue parce que c’est pour eux, quelque part, un gagne-pain, mais c’est surtout parce que, disent-ils lorsqu’on les interroge, ils tiennent avant tout à leur liberté d’action.

« C’est dur, travailler dans la rue… »

« Pour la plupart des artistes qui font comme moi, les recettes amassées en fin de mois représentent, grosso modo, un peu moins que le salaire minimum », mentionne d’ailleurs, sans plus de détails, l’un de ces musiciens de rues. « C’est dur, travailler dans la rue », déclare-t-il sobrement. Mais il aime la grande liberté que cela lui procure. Et d’expliquer que la beauté ainsi partagée, sous l’angle d’une rue, conserve ce côté évanescent pour mieux devenir souvenir pour chaque passant lequel, de passage bien sûr, s’arrêterait à cet endroit précis ne serait-ce qu’un instant.                                                                                                                     

C’est dire qu’avec l’été qui s’installe et au gré de nos déambulations dans la capitale, on rencontre de plus en plus d’artistes en pleine performance, particulièrement non loin de la mythique Place Maurice Audin ou de la Grande Poste, des artistes dont souvent on ne sait rien. La rue, bien évidemment, leur fournit un complément qui, pour la plupart, les aide à subsister. Qui sont-ils ? D’où viennent-ils ? Comment vivent-ils leur rencontre avec le public ? Forcément rodés aux spectacles de rue et aux contraintes qu’ils soulèvent quelquefois, ils ont pratiquement tous demandé l’autorisation préalable à l’APC d’Alger centre, car c’est grâce à celle-ci (l’Apc) qu’ils peuvent installer en toute quiétude leur scène éphémère. Et, Dieu merci, les refus de ce côté-ci sont plutôt rares, bien au contraire.

Une nouvelle tendance de la culture populaire algérienne

Devenues figures emblématiques du cœur de la ville d’Alger, les artistes de rue rendent la cité algéroise forcément plus vivante. En tout cas plus oxygénée et plus gaie, pour ne pas dire moins morose. Seuls ou en groupe, leur diversité et leur fugacité peignent les rues d’ambiances changeantes. Ils sèment la bonne humeur là où l’on s’y attend le mois. Un jour c’est l’un, le lendemain c’est un autre. Ils vont et viennent au gré de leurs envies, de leurs inspirations et surtout de leurs besoins. Et le moindre des Algériens lambda de passage ne peut qu’en être rassuré dans la mesure où il ne s’agit plus d’un sinistre regroupement idéologique, regroupement dont il sait pertinemment que la seule raison d’être est la destruction, à terme, du pays. 

Très ancienne tradition algérienne à l’origine, mais entretemps redevenue nouvelle tendance de la culture populaire algérienne, l’activité de ces artistes de rue à Alger est cependant soumise à réglementation, ce qui est tout à fait normal. En effet ne s’improvise pas du jour au lendemain artiste de rue comme on s’improvise gardien de parking. Il est vrai qu’autrefois, la police interdisait à ces artistes de jouer dans la rue, s’appuyant sur un arrêté qui interdit tout événement susceptible de provoquer des regroupements. Mais de nos jours, de tels regroupements autour de ces artistes sont visibles chaque jour que Dieu fait. Et démontrent bien qu’ils sont tout ce qu’il y a de plus inoffensif dans la rue. Pour tout dire, ils redonnent, assurément, de la vie à la capitale !

Kamel Bouslama