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Algérie-Palestine : de l’amour à la désillusion

Radio M | 06/02/24 14:02

Algérie-Palestine : de l’amour à la désillusion

Alors qu’une nouvelle tragédie frappe Gaza, le silence de l’Algérie tranche avec son statut de fer de lance autoproclamé de la Palestine. La rhétorique officielle n’a certes pas varié, défendant le Hamas et rejetant la normalisation israélienne. Pourtant, derrière ce discours incantatoire, le régime algérien fait preuve d’immobilisme. 

Aucun rassemblement solidaire n’est autorisé, étouffant toute velléité citoyenne de mobilisation. Un deux poids deux mesures révoltant alors que le Maroc, malgré ses liens avec Israël, laisse libre cours à des marches propalestiniennes massives.

Figure de l’islam politique en Algérie, Abderrazak Makri s’est ainsi vu dans un premier temps interdire toute manifestation de soutien à Gaza. Puis, cerise sur le gâteau pour ce défenseur affiché de la cause palestinienne, une interdiction de quitter le territoire national lui a été signifiée le 28 novembre. Sur sa page Facebook, l’intéressé a dénoncé cette « agression officielle » qu’il impute sans détour à son engagement pro-palestinien, unique motivation selon lui de ce musellement par le pouvoir.

Cette frilosité en dit long sur les priorités réelles d’Alger. Stabilité et status quo priment sur les engagements idéologiques d’autrefois. Quitte à troquer l’intransigeance tiers-mondiste contre un prudent attentisme, soucieux avant tout de ne pas froisser ses partenaires, Washington au premier chef.

L’échec à intégrer les BRICS ou l’alignement aux côtés des États Unies au Yémen, allié concret des Palestiniens, illustrent cette diplomatie hésitante, tiraillée entre ses partenaires. 

Ainsi, l’aura internationale de l’Algérie révolutionnaire s’est effritée. Incapable de faire entendre sa singularité, elle peine à exister sur la scène régionale, éclipsée par les pétro-monarchies du Golfe. Et son soutien de principe aux Palestiniens se heurte désormais à d’autres impératifs géostratégiques jugés prioritaires.

Pendant ce temps, l’opinion publique algérienne, bâillonnée, ne peut que constater amèrement l’incohérence de ses dirigeants entre discours enflammés et passivité réelle, sapant la légitimité déjà fragile du régime. Un fossé béant sépare la solidarité populaire envers les Palestiniens des calculs du pouvoir, ignorant les aspirations profondes de son peuple.