Algérie-Maroc: l'apaisement passe-t-il par la voix des mouvements citoyens? - Radio M

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Algérie-Maroc: l’apaisement passe-t-il par la voix des mouvements citoyens?

Radio M | 20/03/24 17:03

Algérie-Maroc: l’apaisement passe-t-il par la voix des mouvements citoyens?

Alors que Rabat menace de confisquer les locaux de l’ambassade algérienne, faisant planer le spectre d’un affrontement ouvertentre les deux voisins, la société civile pourrait-elle jouer un rôle d’apaisement pour désamorcer cette nouvelle escalade d’une crise sans fin ?

Les tensions exacerbées entre l’Algérie et le Maroc atteignent un nouveau palier avec le projet marocain de confisquer les locaux de l’ambassade algérienne à Rabat. Une provocation de trop pour Alger, qui a condamné “dans les termes les plus énergiques” cette décision, la qualifiant de “violation inqualifiable” du droit international. Les autorités algériennes menacent désormais de riposter “par tous les moyens appropriés”, laissant planer la menace d’un affrontement ouvert entre les deux voisins.

Dans cette escalade des hostilités, où même les médiations extérieures du Qatar, de l’Arabie Saoudite et de l’Espagne ont été rejetées, le mouvement associatif des deux pays pourrait-il se faire l’avocat d’une désescalade des tensions ? Un rôle d’apaisement qui semble crucial alors que le spectre d’un conflit armé prend des airs d’épouvantail.

Si la société civile algérienne et marocaine dispose aujourd’hui d’une certaine audience, avec notamment Rabat à la présidence du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, sa marge de manœuvre demeure fragile. Les deux régimes ont par le passé sévèrement muselé et réprimé leurs mouvements citoyens respectifs, une répression qui se poursuit encore actuellement. Toute initiative de la société civile pour apaiser les tensions pourrait ainsi être taxée d’ingérence par les autorités et subir de nouvelles répressions.

Pourtant, les associations indépendantes représentent peut-être la dernière chance de faire entendre la voix de la raison. En appelant au dialogue et à la retenue, elles pourraient jouer les médiateurs auprès des dirigeants des deux camps pour tenter de désamorcer les ardeurs belliqueuses.

Rappel des principaux épisodes d’une crise sans fin

La rupture des relations diplomatiques décidée par Alger en août 2021 fut la conséquence d’une accumulation d’ “actes hostiles” de la part de Rabat. Parmi les faits marquants à l’origine de cette escalade, figurent “l’appel à la partition du territoire algérien” lancé par le représentant marocain à l’ONU, ainsi que “l’espionnage de personnalités et citoyens algériens” via le logiciel israélien Pegasus. S’ajoutent à cela les “menaces” proférées contre l’Algérie par un ministre israélien, depuis le Maroc.

En 2013 déjà, des incidents avaient empoisonné le climat bilatéral, avec l’attaque du consulat algérien à Casablanca par des manifestants qui avaient arraché le drapeau national, le 1er novembre, date hautement symbolique.

Loin de s’apaiser après 2021, la crise n’a fait que s’envenimer. En 2021 toujours, l’aviation marocaine a tué “de sang-froid” trois commerçants algériens à la frontière avec le Sahara occidental, revendiquant ce drame meurtrier un… 1er novembre. Une “provocation claire” dénoncée par Alger.

Plus récemment, après le séisme du 8 septembre dernier, le royaume chérifien a décliné l’offre d’aide humanitaire algérienne, démentant la “main tendue” supposément brandie par le roi Mohammed VI. 

Ce dernier avait pourtant appelé dans son discours du Trône en juillet 2022 à cultiver “l’esprit de fraternité, de solidarité et de bon voisinage” envers “nos frères algériens”. Dénonçant les “individus irresponsables qui s’évertuent à semer la zizanie entre les deux peuples frères”.  Un appel réitéré en 2023, le souverain assurant que “nos frères en Algérie (…) n’auront jamais à craindre de la malveillance de la part du Maroc.”

Des paroles qui peinent à convaincre, au regard des actes hostiles perpétrés ces dernières années entre les deux voisins désormais à couteaux tirés.