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Affaire Karim Tabbou: Les avocats répondent au Parquet et au CNDH

La Rédaction | 27/03/20 09:03

Affaire Karim Tabbou: Les avocats répondent au Parquet et au CNDH

Le procès en appel de Karim Tabbou, ancien premier secrétaire du FFS et chef de l’Union démocratique et sociale (UDS), et ses répercussions sur sa santé continuent de susciter la colère de son collectif de défense.

Dans un communiqué détaillant les moments du procès et toutes les irrégularités relevées dans les procédures, le collectif des avocats du militant politique Karim Tabbou a démenti les assertions du Parquet. “Nous n’avons jamais demandé le report. Nous avons demandé à voir notre client et exiger sa présence dans la salle d’audience”.

Sans nouvelles de leur client depuis le 24 mars, les avocats, au nombre de 15, ont fini par voir le militant jeudi en fin de journée et ils sont loin d’être rassurés sur son état.

Nous avons été autorisés, après insistance,à rendre visite à Karim Tabbou qui se trouve actuellement à la prison de Koléa. C’est vers 16h45 que les responsables de la prison nous ont autorisé à le voir pendant seulement 20 minutes. A première vue, nous avons constaté qu’il souffrait d’une paralysie partielle du côté droit (pied, bras, visage) due au pic de tension dont il a été victime” , affirme le collectif des avocats de la défense dans leur communiqué. Une occasion pour dénoncer la désinformation relevées, selon eux, dans les communiqués du parquet général de la Cour d’Alger.

Contrairement aux allégations du parquet qui prétend que Karim Tabbou a dit au juge qu’il ne se sentait pas bien, les faits sont autres. Karim Tabbou a refusé d’être jugé en l’absence de ses avocats. Après l’insistance du juge, il a eu un malaise et il est tombé par terre, avant d’être évacué vers l’infirmerie”, précise le communiqué des avocats.

Les avocats n’épargnent pas non plus le CNDH de Bouzid Lezhari qui s’est senti obligé de soutenir la version du Parquet.  “C’est honteux pour le conseil qui prétend défendre les droits de l’homme de pondre un communiqué en parfaite contradiction avec les pactes internationaux”, non sans mettre le parquet et le magistrat qui a jugé l’affaire devant leurs responsabilités. “Le président de la 5 ème chambre criminelle de la Cour d’Alger, Hamzaoui Mohamed Sbaâ et le parquet général assumeront tout la responsabilité”, ajoutent les avocats.

Sur son compte facebook, l’avocat Abdelghani Badi ne manque pas d’alerter sur l’état de santé de son client affirmant que sa prise en charge médicale est impérieuse. “Nous ne sommes pas des médecins pour dire que c’est un AVC ou une hémiplégie ou autre, nous décrivons ce que nous constatons. Lorsque nous l’avons vu et nous étions 15 avocats, Tabou traînait sa jambe gauche, n’utilisait pas son bras gauche, sa mâchoire était déformée et il éprouvait beaucoup de difficultés à parler”.

A noter que des juristes ont relevé, pour leur part, que le parquet s’appuyait dans son argumentaire sur u l’article 347 du code de procédures pénales qui ne s’applique qu’aux prévenu s libres et non aux détenus. Ils relèvent aussi que l’absence du jugement de première instance implique nécessairement que l’appel ne peut avoir lieu puisqu’il s’appuie obligatoirement sur les décisions formelles (écrites) de la première instance pour formuler l’interjection.

Pour rappel, la cour d’Alger a condamné Karim Tabbou le 24 mars dernier dans procès expéditif auquel le concerné n’a pu assister en raison de son état de santé. Ses avocats, qui affirment ne pas avoir été prévenus de la programmation du procès, dénoncent “un scandale” judiciaire sans précédent depuis l’indépendance du pays.