Condamné dans trois affaires, en quelques mois, la bataille judiciaire n’est pas encore terminée pour le journaliste Mustapha Bendjama. En détention depuis huit mois, le journaliste est à son 37e jour de grève de la faim.
Le journaliste en détention Mustapha Bendjama a fait appel au verdict prononcé contre lui dans l’affaire « Amira Bouraoui », a-t-on appris de son collectif de défense. Le pôle pénal spécialisé près le tribunal de Constantine avait prononcé, le 7 novembre, des peines de six mois de prison ferme contre Mustapha Bendjama, le cousin d’Amira Bouraoui, Yacine Bentayeb, ainsi que Djamel Miassi, le chauffeur de taxi qui a déposé A. Bouraoui en Tunisie. Le même tribunal avait condamné, par défaut, Amira Bouraoui à dix ans d’emprisonnement, et sa mère Khadidja Bourdjiba à un an de prison avec sursis. L’officier de la PAF, a quant à lui, été condamné à une peine de trois ans de prison ferme.
Aussitôt le verdict a été prononcé, Yacine Bentayeb et Djamel Miassi ont quitté la prison. Ils venaient de purger plus que la durée de la peine prononcée contre eux détention provisoire. Ce qui n’a pas été le cas pour Mustapha Bendjama, qui a pourtant été placé sous mandat de dépôt le même jour que ses coaccusés, soit le 19 février 2023. Le maintien en détention de Mustapha Bendjama a suscité l’incompréhension totale et a été dénoncée par son collectif de défense.
Un pourvoi en cassation dans une seconde affaire
Condamné en appel à huit mois de prison ferme et une année avec sursis dans une seconde affaire pour une prétendue « perception de fonds depuis l’étranger » et « publication d’informations et de documents classés secrets », Mustapha Bendjama a introduit un pourvoit en cassation à la Cour suprême, selon sa défense. Mustapha Bendjama est poursuivi dans cette affaire avec le chercheur en géopolitique Raouf Farrah, Habes Mountaha, une cadre de l’entreprise publique Asfertrade, filiale d’Asmidal, le père de Raouf Farrah, Sebti Farrah et l’ex-chargée de communication de la Wilaya d’Annaba, Sofiane Berkane. Raouf Farrah et Habes Mountaha ont quitté la prison après le verdict de la Cour d’appel le 29 août 2023. Mustapha Bendjama est resté en prison car il faisait l’objet d’un mandat de dépôt dans l’affaire « Amira Bouraoui ».
L’affaire avec l’ex-Wali d’Annaba
Le procès en appel de Mustapha Bendjama, dans l’affaire avec l’ex-Wali d’Annaba, se tiendra le 21 novembre, selon son avocat Adel Messaoudi. L’appel concerne la condamnation, le 16 juillet 2023, par le tribunal correctionnel d’Annaba à une amende de 30.000 dinars et une somme de 50. 000 dinars de dédommagement à la partie civile. Cette affaire fait suite à une plainte déposée par l’ex-Wali d’Annaba, Djamel Eddine Berimi, contre M. Bendjama. Le journaliste est accusé de « diffamation » et d’« atteinte à l’intérêt de l’État » pour avoir révélé, en mars 2020, la tenue d’une fête de mariage clandestinement pendant le Covid19.
A noter que M. Bendjama est en grève de la faim depuis 37 jours. Une grève qu’il a entamé le 3 octobre en protestation contre sa détention arbitraire. Selon sa mère, Rym Alioua, Il a suspendu sa grève, le 5 novembre, en raison de la dégradation de son état de santé. « Il ne prend que du lait pour soulager son estomac, mais il compte reprendre sa grève dans quelques jours », nous a-t-elle confié.
Par ailleurs, M. Bendjama est visé par une sanction, depuis la fin août. A l’exception de membres de sa familles, il ne pourra plus envoyer ou recevoir des lettres. L’administration pénitentiaire lui a imposé cette sanction après que l’une de ses lettres a été jugée “politique”.
