En acceptant l’ouverture d’un bureau du mouvement indépendantiste du Rif à Alger, l’Algérie a fait un geste symbolique fort en direction de ce territoire situé au nord du Maroc. Derrière cette décision, c’est tout un pan de l’histoire rifain qui refait surface.

Samedi dernier, le représentant du “Hirak du Rif” Youba El Ghuidioui a été aperçu arborant le drapeau de la République du Rif dans les locaux du nouveau bureau, en compagnie d’autres militants entonnant l’hymne national. Un moment hautement symbolique.

“Nous nous engageons à mettre en lumière la question du Rif et à représenter au mieux le peuple rifain”, a déclaré M. El Ghuidioui, annonçant que l’objectif sera de “renforcer la relation historique entre les peuples du Rif et algérien”.

Un soutien algérien loin d’être anodin. Le “Hirak du Rif” bénéficie déjà de relais en Europe, notamment en Espagne, pour dénoncer la répression et réclamer la libération de ses militants emprisonnés, à l’instar de Nasser Zefzafi. Mais le geste d’Alger lui offre une tribune inédite.

Surtout, l’Algérie replace ainsi la question de l’indépendance du Rif sur le devant de la scène. Un sujet sensible pour le Maroc, qui voit dans ce territoire une menace séparatiste à contenir.

Pourtant, l’idée d’une République du Rif autonome plonge ses racines dans l’histoire, portée à l’origine par une figure de la résistance anticoloniale : Abdelkrim El-Khattabi. Dans les années 1920, ce héros rifain avait fondé un État éphémère finalement maté par la France et l’Espagne.

Près d’un siècle plus tard, l’ouverture du bureau rifain à Alger ravive ce message indépendantiste honni par Rabat. Loin d’apaiser les tensions régionales, la décision algérienne ajoute de l’huile sur le feu dans les rapports déjà complexes entre les deux frères ennemis du Maghreb.