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Youcef Belaili, une résiliation de contrat aux allures « d’expulsion » diplomatique

Samy Injar | 17/12/21 13:12

Youcef Belaili, une résiliation de contrat aux allures « d’expulsion » diplomatique

Le club qatari de football Qatar SC a fait savoir sur tweeter qu’il se séparait à l’amiable de son attaquant algérien. Tout sauf ordinaire.

L’annonce, jeudi en soirée, de la résiliation à l’amiable du contrat qui relie jusqu’en juin 2022 Youcef Belaili à son club le Qatar SC, n’est pas une bonne nouvelle pour son employeur. Le Qatar SC, né en 1959, est réputé négocier au plus dur ses intérêts. Il a déjà répondu défavorablement aux envies de départ de l’attaquant algérien durant ce Mercato d’hiver avec le projet de le prolonger afin d’obtenir une indemnité de transfert conséquente. Le clan Belaili, le père de Youcef est son manager, a refusé cette option, redoutant que la clause libératoire bloque le départ de l’international algérien vers un bon club européen.

L’impasse était totale avant le tournoi de la coupe arabe qui se déroule au Qatar. La volte face du Qatar SC aux lendemains de l’élimination du pays hôte de la coupe arabe par la sélection algérienne est une surprise sur le plan sportif. La valeur marchande du natif d’Oran a considérablement augmenté durant ce tournoi ou il a marqué un but d’anthologie en quart de finale face au Maroc et fait le spectacle à chaque prestation dominant adversaires et partenaires. Evalué, le printemps dernier lorsqu’il jouait pour le Ahly Saoudien, entre 2 et 3 millions d’euros pour racheter 1 année de contrat, sa clause libératoire, s’il l’avait prolongé d’une année avec le Qatar SC pouvait raisonnablement doublé durant le Mercato hivernal qui s’ouvre au début de l’année.

L’incarnation d’une certaine humiliation

En acceptant de résilier à l’amiable le contrat de sa vedette algérienne, 25 matchs, 17 buts en 2021 avec son club, les dirigeants du Qatar SC se sont sabordés financièrement. Ils renoncent potentiellement à une belle plus-value en laissant partir, libre, Youcef Belaili lié contractuellement jusqu’à juin prochain. Ce n’était pas leur position jusqu’à ce match de la demi-finale ou Youcef Belaili a largement contribué à l’élimination de la sélection Qatari, par sa prestation technique hors normes, et sa très grande implication dans le leadership de ses équipiers.

Il n’est pas exclu que la décision subite de répondre favorablement à la demande de départ de Youcef Belaili soit le résultat d’une injonction politique. Le virevoltant attaquant algérien incarne une certaine humiliation du onze qatari, faisant passer quatre petits ponts, sur quatre adversaires différents, et célébrant en « mode révolte » contre l’arbitrage, la transformation, en deux temps, du penalty victorieux. La poursuite de son séjour au Qatar pouvait devenir gênante pour un pays qui a souvent fait passer une certaine « fierté souveraine » sur le sens commun du business. La dernière illustration en est le refus de céder Kylian Mbappé au Real de Madrid contre un rachat d’une dernière année de contrat à 200 millions d’euros.

Un petit air de souverainisme

Le principe du propriétaire fortuné n’est pas comptable. Il est « souverain » à Paris, avec le PSG, comme à Doha pour la sélection : personne ne peut acheter un joueur employé par le fonds souverain qatari (QSI) et personne ne peut ridiculiser ses joueurs devant leur public, et rester salarié dans le pays. Les dirigeants de Qatar SC peuvent légitimement obtenir des compensations de l’Etat si la décision est bien celle qui vient à tous les esprits : une conviviale et diplomatique « expulsion » d’un joueur de qui on attendait sans doute plus de « gratitude » à l’égard de son pays d’accueil. Ils étaient pourtant prévenus. Il s’agit de Youcef Belaili, un talent incroyable et un artiste libre qui pouvait, et peut encore, jouer dans les plus grands clubs européens.