Veille presse du mercredi, 1er février 2023 - Radio M

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Veille presse du mercredi, 1er février 2023

Radio M | 02/02/23 11:02

Veille presse du mercredi, 1er février 2023

En   Algérie, « un éminent journaliste est en prison depuis la fin de l’année dernière. Un groupe de défense des droits de l’homme a également été récemment dissous dans des circonstances floues » La Deutsche Welle et le journal le Monde, reviennent à la charge en traitant la question des libertés en Algérie.

DW

« La Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme (LADDH) a découvert qu’elle avait été interdite par des publications sur les réseaux sociaux par une source inconnue, dans laquelle un tribunal administratif d’Alger avait ordonné sa dissolution », s’offusque la Deutsche Welle. « Elle y est accusée   d’activités subversives » qui entravent le processus de réforme en Algérie et visent à perturber l’ordre public, note-t-elle. 

Elle aurait aussi publié « de faux rapports sur la situation des droits de l’homme en Algérie ». La Laadh a longtemps été une épine dans le pied des autorités. Dès mai 2022, le ministère algérien de l’Intérieur avait demandé sa dissolution judiciaire, souligne la radio allemande qui a interviewé son vice- président Said SALHi.

« Nombre de nos militants sont qualifiés de ‘terroristes' », déclare t-il à DW.

Le document de la dissolution a été rendu public sur les réseaux sociaux à la mi-janvier, juste avant la visite de la sous-secrétaire d’État américaine aux organisations internationales, Michele Sison, en Algérie dès le 21 janvier pour parler, entre autres, des questions relatives aux droits de l’homme. Said Salhi fait le parallèle entre les deux événements. « En rendant cela public peu avant la visite, les autorités font comprendre à la secrétaire d’Etat qu’elle n’a plus de contact à voir à la LADDH », souligne le vice-président de la ligue, réfugié en Belgique.  Les autorités algériennes n’ont pas confirmé l’information, ni ont répondu à la demande de la DW adressée à l’ambassade d’Algérie à Berlin » nous apprend-il, une tentative de la radio allemande est restée jusqu’à présent, » sans réponse », précise Said Salhi.

C’est une  » répression légaliste » explique la politologue Maria Josua de l’Institut allemand d’études globales et territoriales » (GIGA) à Hambourg. 

« Ces verdicts n’ont souvent aucune base juridique réelle, mais s’appuient sur des justifications fragiles et vagues telles que la menace à l’unité et à la stabilité de l’État ». De nombreux militants ont été arrêtés sur la base de telles lois, explique l’experte à la Deutsche Welle. Dans le cas de LADDH, cela s’est passé de manière « presque kafkaïenne, même elle-même n’a pas été informée des mesures prises contre elle. Elle n’a donc pas eu l’occasion de se défendre ni même de connaître le verdict, » souligne la radio allemande.

Le fait qu’une telle décision de justice reste initialement secrète indique que l’État est en fait conscient du caractère discutable de ses actions – selon l’interprétation de Maria Josua qui a axé son expertise sur des recherches autour de l’autoritarisme en Afrique du Nord et au Moyen Orient.

« Le fait qu’on invoque néanmoins des bases légales indique aussi qu’on essaie toujours de maintenir une apparence d’Etat de droit. » Fait remarquer la politologue qui s’intéresse à la politique autoritaire de ces états.

Mais il n’y a pas que les militants des droits de l’homme qui sont sous pression en Algérie. La DW, rappelle l’incarcération en cours de l’éminent journaliste en prison depuis la fin de l’année dernière Ihsane El Kadi.

« Les procureurs algériens l’ont accusé de « propagande pour des partis étrangers ». Selon l’accusation, il a aussi collecté illégalement des dons – « de personnes et d’organisations à l’intérieur et à l’extérieur du pays ». Ce faisant, ajoute le média allemand, « il a mis en danger la sécurité de l’État et l’unité nationale et les procureurs n’ont pas donné de faits plus précis », accuse la politologue.

El Kadi, directeur du site d’information libéral « Maghreb Emergent » et du diffuseur Radio M, avait à plusieurs reprises critiqué le travail du gouvernement. Par exemple,  » il avait publiquement mis en doute le succès de leurs efforts de lutte contre la corruption. Il pourrait désormais faire face à une peine de prison pouvant aller jusqu’à sept ans », signale le puissant média allemand qui interroge l’experte sur les retombées d’une telle répression: « Il est actuellement très clair que le gouvernement n’est pas en bonne position,  c’est pourquoi il essaie de survivre à travers la répression,  je doute que cela réussisse à long terme, Il y a un mécontentement considérable au sein de la population », fait valoir Maria Josua.

La radio allemande a publié une capture d’écran du compte Twitter de Ihsane El Kadi, en garde à vue, sur sa page. On peut y lire la citation de karl Marx : « voici ce qui distingue principalement l’ ère nouvelle  de l’ère ancienne, c’est que le fouet commence à se croire génial  » Pensée visionnaire de El Kadi Ihsane,  inspiré par le théoricien allemand de la révolution  qui était aussi journaliste. https://amp.dw.com/d