Veille presse du jour - Radio M

Radio M

Veille presse du jour

Radio M | 07/02/23 18:02

Veille presse du jour

Comme attendu, de nombreux médias n’ont pas manqué d’évoquer les deux affaires qui ont agité la scène politico-médiatique ces deux derniers jours, notamment l’affaire de la chronique du journaliste Saad Bouakba, placé sous contrôle judiciaire, et celle de Amira Bouraoui qui a quitté le pays dans des conditions rocambolesques.

Le Monde

Le sort de Amira Bouraoui s’est joué en quelques heures. Interdite de sortie du territoire  sur décision des autorités algériennes, Amira  a été arrêtée en Tunisie vendredi pour entrée illégale sur le sol tunisien, mais munie de son passeport français. Selon son avocat tunisien, elle avait tenté de prendre un vol pour la France depuis Tunis, vendredi, quand elle a été arrêtée, puis placée en garde à vue par la police de l’air et des frontières tunisienne. Déférée devant une juge à Tunis, lundi 6 février, elle a été  libérée et son passeport français remis à l’audience. Mais, aussitôt elle a été “enlevée à la sortie du bureau de la magistrate par deux agents de la police judiciaire”, raconte  son avocat, Me Hashem Badra cité par la presse française et algérienne.
“Elle a été victime d’un enlèvement et maintenant de détention arbitraire commis par des agents dépositaires de la force publique (…) Si elle n’est pas libérée immédiatement, je n’hésiterai pas à déposer plainte pour le crime de détention arbitraire devant une juridiction française [contre les agents tunisiens] », a déclaré de son côté François Zimeray, avocat à la cour d’appel de Paris, contacté par des proches de Amira Bouraoui en sa qualité de citoyenne française, d’après les mêmes sources.

” La Tunisie va-t-elle expulser la militante  franco-algérienne, présentatrice du CPP, vers l’Algérie voisine, où elle risque une incarcération dès sa descente d’avion?” s’inquiétait le journal français le Monde qui avait donné l’alerte auparavant et qui ne cesse d’ écrire autour de  l’arrestation de son directeur, Ihsane El Kadi incarcéré depuis le 29 décembre dernier, à la prison El Harrach.

Depuis septembre 2022, Amira, la militante, et à sa demande animait avec une grande rigueur, honnêteté et objectivité, l’émission politique hebdomadaire, « Le CPP, Café  presse politique ». Malgré le blocage de Radio M, désormais accessible par VPN, l’émission continuait d’être diffusée malgré tout en zoom dans des conditions aléatoires. Son dernier numéro est daté de mercredi dernier et au cours duquel elle se réjouissait de l’acquittement en appel de l’islamologue Said Djabelkhir poursuivi, comme elle, pour offense aux préceptes de l”islam.
Amira est membre fondatrice du mouvement Barakat dont elle est la figure de proue qui s’opposait au quatrième mandat de Bouteflika. Condamnée en mai 2021 à deux ans de prison ferme pour « offense à l’islam » et à la même peine pour « atteinte à la personne du président de la République » sans mandat de dépôt à l’audience, elle a avait purgé une courte peine de prison de juin à juillet 2020 avant de bénéficier d’une remise en liberté provisoire après avoir été condamnée à un an de prison.

Elle est à présent “libre et en bonne santé”,  a assuré Me Zimeray qui s’est “félicité de la mobilisation des autorités françaises” pour sa cliente, qui risquait de purger deux ans de prison en Algérie, selon le journal.


https://www.lemonde.fr/afrique/article/2023/02/06/la-tunisie-s-apprete-a-expulser-vers-alger-une-opposante-et-journaliste-de-nationalite-francaise_6160740_3212.html

Le Figaro

Le Figaro reprend, de son côté, les menaces de plainte pour enlèvement-séquestration brandies par l’avocat,François Zimeray qui est aussi  ancien ambassadeur de France au Danemark. 

«Ma cliente a fait l’objet d’une tentative d’enlèvement et de séquestration de la part de certaines autorités dépositaires de la force publique en Tunisie, à la demande des autorités algériennes», avait t-il  dénoncé alors que Amira Bouraoui était encore “séquestrée” par la police tunisienne et en passe d’être expulsée de la Tunisie vers l’Algérie, selon le journal.
«J’ai fait savoir cet après-midi que je n’hésiterais pas à déposer une plainte au parquet de Paris pour enlèvement-séquestration si elle n’était pas immédiatement libérée sachant que, en droit français, la détention arbitraire commise par un agent dépositaire de la force publique est un crime. Et que lorsque ce crime est commis à l’étranger sur un citoyen français, les tribunaux français sont compétents», avait-il menacé suite à la mise en garde de l’avocat tunisien sur place, Hashem Badra. « Ils vont l’extrader par le vol de 19 heures vers Alger. Elle n’a que son passeport français sur elle. Elle pleure et elle est mal en point », décrivait-il, précisant avoir informé le consulat général de France à Tunis, l’ONG Human Rights Watch et la Ligue tunisienne des droits de l’homme.

https://amp.lefigaro.fr/flash-actu/tunisie-la-militante-franco-algerienne-amira-bouraoui-sous-la-protection-des-autorites-francaises-20230206

Radio M.

“Temps durs pour la liberté de la presse et d’expression en Algérie. Plus d’un mois après la mise sous mandat de dépôt du journaliste et directeur de radio M et Maghreb Émergent, Ihsane El Kadi, un autre journaliste, réputé sur la scène médiatique nationale, a été placé en garde à vue, samedi en fin de journée”, lit-on sur le site de Radio M inaccessible depuis l’incarcération de son directeur.

Radio M évoque le cas du journaliste, Saad Bouakba, qui a publié, mercredi dernier, une chronique polémique,  puis interpellé hier samedi 4 février et placé en garde à vue au commissariat centrale
d’Alger-Centre.

L’interpellation du journaliste, fort de ses 50 années d’expérience, a eu lieu suite à une auto-saisine du procureur de la république du tribunal de Dar El-Beida, rapporte le média, citant la chaine de télévision EL Hayat selon qui  “l’instruction a été ouverte suite à une plainte déposée par plusieurs associations pour publication et diffusion de discours de haine et apologie du racisme”, en réaction à la dernière chronique journalistique, publiée dans le média en ligne, Al-Madar.

Interlignes

Interlignes rappelle que Amira Bouraoui est placée sous interdiction de sortie du territoire national depuis quelques mois, et interdite de voyage, sans décision judiciaire depuis près de deux ans.
“Les ONG tentent de faire valoir cette fois, le fait qu’elle soit munie d’un passeport français et que “si extradition il y a, elle devrait se faire vers la France”, précise le site d’information algérien.  Les ONG de défense des droits de l’Homme ont alerté le Quai d’Orsay, afin que les autorités consulaires françaises en Tunisie interviennent pour la ressortissante française, souligne ce média. “Mais le consul général de France à Tunis n’a donné aucun signe de vie”, s’étonnait le journal qui avait contacté, Me Zoubida Assoul. L’avocate qui a déjà plaidé pour la militante, expliquait dans ses colonnes  que l’extradition et les conditions de son application relèvent des accords bilatéraux entre l’Algérie et la Tunisie. « Mais dans toutes les situations, elle ne devrait pouvoir se faire sans une décision judiciaire », précisait-elle  quelques heures avant le dénouement. Interlignes craignait que Bouraoui ne tombe sous le coup de l’article 175 bis 1 du code pénal algérien si elle venait à être extradée. Un article qui prévoit une peine de 2 à 6 mois de prison assorti d’une amende.


L’Orient Le jour

Le quotidien francophone libanais publie une photo de Amira souriante à sa sortie de prison le 2 juillet 2020, devant la prison de Kolea, en s’interrogeant sur le sort de la militante arrêtée par la police en Tunisie. L’orient Le jour insiste sur le fait que le ministère tunisien de l’Intérieur avait été contacté par l’AFP,  mais qu’il “n’était pas en mesure de confirmer ni d’infirmer ces informations,” citant une responsable du bureau de l’ONG Human Rights Watch à Tunis qui a été saisi de l’affaire. “Il ne faut en aucun cas la renvoyer vers un pays où elle a été emprisonnée et fait l’objet d’une série de poursuites pour son militantisme pacifique et ses opinions”, écrit Le journal.


https://www.lorientlejour.com/article/1327347/la-militante-franco-algerienne-amira-bouraoui-en-passe-detre-expulsee-de-tunisie.html

Business news

« Quelqu’un a politiquement décidé de faire ce cadeau aux autorités algériennes », affirmait à Business news son avocat Me Hashem Badra alors que l’extradition de Bouraoui était programmée à 19H00.  
“La défense de Mme Bouraoui compte porter plainte contre les agents de la police judiciaire les accusant d’avoir kidnappé la militante et contre le ministre de l’Intérieur Taoufik Charfeddine pour avoir autorisé son expulsion tout en étant conscient du danger qu’elle encourt une fois à Alger; elle a un jugement qui lui pend au nez depuis l’ère Bouteflika », a-t-il déclaré et cité par le journal.
Selon l’avocat, Amira a été interpellée vendredi  à 9h30. Après un long interrogatoire, elle a été placée en garde à vue à Bouchoucha.
Lundi vers midi, elle a été entendue par la juge en charge de l’affaire au tribunal cantonal de Tunis. Celle-ci a ordonné la relaxe de Mme Bouraoui et a décidé de reporter l’examen du dossier au 23 février en attendant l’obtention d’une attestation de déclaration de perte du passeport algérien de Mme Bouraoui. 
« Avec l’ajournement de son procès, on aurait pu lui signifier de rester sur le territoire tunisien jusqu’à son audition. Or, on a choisi de l’enlever devant nous au tribunal. Ils ont piétiné le jugement de la juridiction », affirme Me Badra soulignant que les agents qui ont interpellé Mme Bouraoui ont explicitement déclaré « n’avoir que faire de la décision de la juge ». 

https://www.businessnews.com.tn/arretee-en-tunisie-la-militante-franco-algerienne-amira-bouraoui-risque-lexpulsion,520,126619,3

Qantara

Le portail Internet , produit par la Deutsche Welle afin de promouvoir le dialogue interculturel entre les mondes occidental et islamique alerte: “La presse libre en Algérie est en danger”.”Alors que les lumières s’éteignent sérieusement pour la société civile algérienne politiquement active”, lit-on sur sa publication, la presse algérienne, considérée comme “diverse et extrêmement critique malgré le régime autoritaire, est de plus en plus attaquée”. “Des journalistes critiques du gouvernement ont été intimidés, arrêtés, inculpés et, dans certains cas, condamnés à des peines de prison”, rappelle la publication. Elle cite le cas El Kadi Ihsane.
“Dans la nuit du 25 décembre 2022, l’éminent journaliste a été arrêté à Boumerdès et est depuis incarcéré à la tristement célèbre prison d’El Harrach à Alger.  Les bureaux des deux médias en ligne à Alger ont été perquisitionnés et mis sous scellés le lendemain de l’arrestation d’El-Kadi, et du matériel technique et de l’argent ont été confisqués.  L’accès aux deux sites est bloqué en Algérie depuis la mi-janvier”, détaille Qantara qui soutient que “Tebboune, avec l’appareil sécuritaire et judiciaire, ferme progressivement les libertés de l’opposition, de la société civile et de la presse libre et rétablit un système de gouvernement autoritaire”.  “Les perspectives pour la liberté d’association, la liberté de la presse et la liberté d’expression en Algérie dans les années à venir sont  sombres”, redoute le média. “C’est la société civile qui est visée par le régime”, affirme l’auteur, Sofian Philippe Naceur. “Le Hirak  est  la cible de représailles de l’État”, conclut le journaliste.

https://de.qantara.de/inhalt/menschenrechtslage-in-algerien-verboten-eingeschuechtert-ins-exil-getrieben

La Croix
“Amira Bouraoui dit connaître tous les commissariats d’Alger, tant cette femme, médecin gynécologue de 45 ans, est victime d’un harcèlement judiciaire depuis une dizaine d’années”. Le journal La Croix rappelle les déboires judiciaires de la militante “connue pour ses critiques de la politique, de la religion et de l’oppression des femmes”. Il y a 5 femmes parmi les 222 détenus d’opinion, écrit le journal français qui se base sur le décompte du comité national pour la libération des détenus. “222 détenus d’opinion purgent leur peine dans les prisons algériennes ou y restent souvent de longs mois en détention provisoire en attente de jugement. Parmi eux, cinq femmes, quatre activistes et la présidente du Congrès mondial amazigh (berbère), toutes incarcérées ces derniers mois”, rappelle-t-il.

https://www.la-croix.com/Monde/Algerie-deux-ans-prison-militante-Amira-Bouraoui-2021-10-19-1201181306