Tunisie : les justifications du gouvernement dans l'affaire de l'arrestation de Bhiri font réagir - Radio M

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Tunisie : les justifications du gouvernement dans l’affaire de l’arrestation de Bhiri font réagir

Lynda Abbou | 05/01/22 12:01

Tunisie : les justifications du gouvernement dans l’affaire de l’arrestation de Bhiri font réagir

Les justifications du gouvernement tunisien qunt à “l’arrestations musclée” du vice-président d’Ennahda, Noureddine Bhiri, vendredi 31 décembre 2021, a suscité des réactions du parti islamiste et du parquet.

Le ministre tunisien de l’Intérieur, Taoufik Charfeddine, a en effet justifié lundi l’arrestation de l’homme fort du parti d’inspiration islamiste Ennahdha, Noureddine Bhiri, par « des soupçons de terrorisme », assurant que ce dernier, actuellement hospitalisé car refusant toute alimentation et tout médicament, est “bien traité”.

“Il y avait des craintes d’actes terroristes touchant à la sécurité du pays, il fallait réagir”, a expliqué le ministre, précisant avoir transmis une série d’éléments au ministère de la Justice et au parquet qui “ont tardé” à prendre des mesures. Le ministre a dit avoir décidé alors d'”appliquer rapidement” la “mise sous contrôle judiciaire” de Noureddine Bhiri.

En revanche, le ministère public près le tribunal de première instance de Tunis, a publié un communiqué, relayé par l’agence TAP, dans lequel « il se dit étonné des déclarations données par le ministre de l’Intérieur » .

Le service de communication au tribunal de première instance de Tunis affirme, que « le parquet suit avec tout le sérieux requis, ce dossier, conformément aux procédures légales décidées dans l’affaire en question et évoque l’ouverture, d’une enquête, dans un délai qui n’a pas dépassé quatre jours après la réception d’un rapport complémentaire émis par la Direction de recherches dans les crimes terroristes, les crimes organisées et les crimes touchant à la sécurité du territoire national ».
 

De son côté, Abderraouf Ayadi, membre du Comité de défense de Noureddine Bhiri, a critiqué, mardi, le ministre de l’Intérieur de son pays, Taoufik Charfeddine, estimant que ce dernier s’est octroyé le droit d’être « juge et partie » dans cette affaire.

Dans une déclaration à la presse, Ayadi a estimé que « ce qui est arrivé à Bhiri était une violence brutale de l’État », appelant à la « libération immédiate » du numéro 2 d’Ennahda.

La Tunisie est en proie à une crise politique aiguë depuis le 25 juillet dernier. À cette date,le président tunisien Kaïs Saïed, avait pris une série de mesures d’exception, portant notamment suspension des travaux du Parlement et levée de l’immunité dont bénéficiaient les députés.