Tebboune sur RT: Les relations internationales de l'Algérie passées en revue - Radio M

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Tebboune sur RT: Les relations internationales de l’Algérie passées en revue

Ghada Hamrouche | 23/02/20 17:02

Tebboune sur RT: Les relations internationales de l’Algérie passées en revue

L’Algérie n’accepte aucune contrepartie lorsqu’elle mène des actions de médiation. « Nous ne voulons aucune contrepartie ni du Qatar, ni des Emirats, ni de l’Arabie Saoudite ni de l’Egypte. Nous devons être francs. Il y a des choses qui doivent être dites. Tous les pays, je pense, se sont habitués à la franchise de l’Algérie. Il n’y a pas d’aspect mercantile en cela. Il s’agit de principes d’une Révolution (de Novembre 1954). Une génération a été formée dans l’entraide accordée aux autres peuples. Nous allons continuer. L’Emir du Qatar est le bienvenu en Algérie », déclaré le président Abdelmadjid Tebboune, à la chaîne Russia Today arabic, première interview accordée à une chaîne de télévision étrangère. Il répondait à une question sur la prochaine visite à Alger de Tamim Bin Hamad Al Thani, l’émir du Qatar, prévue cette semaine. L’émir du Qatar visitera également la Jordanie et la Tunisie. Le président Tebboune a annoncé avoir reporté une visite officielle en Arabie Saoudite qui était programmée ces jours-ci pour raison d’agendas. Une médiation de l’Algérie entre le Qatar et l’Arabie Saoudite, en conflit larvé depuis plusieurs mois, n’est pas à écarter. Il a évoqué le rôle de médiation qu’a joué la diplomatie algérienne par le passé. « Il y a une demande populaire pour que notre diplomatie active dans ce sens, pour rapprocher les points surtout entre frères. La diplomatie s’est mêlée de toutes les questions relatives où il y a des revendications de libération Timor Leste, Sao Tomé et Principe, l’Afrique du Sud à l’époque de l’Apartheid, la Palestine et la Libye actuellement. L’Algérie a une crédibilité et une honnêteté dans les actions de médiation. Au contraire, nous dépensons notre propre argent pour régler les problèmes des autres », a-t-il appuyé.

« Nous n’avons pas de visées économique, politique ou expansionniste en Libye »

 « Il y a des relations filiales avec la Libye. Il y a une religion, une langue et un voisinage qui nous lient à ce pays. Les algériens n’ont pas oublié le soutien des frères libyens durant la guerre de libération nationale. La moindre des choses aujourd’hui est de leur rendre la faveur », a-t-il dit. Selon le chef de l’Etat, l’Algérie reste toujours à équidistance des partis en conflit ou intervenants en Libye ou ailleurs. « Nous nous n’alignons sur personne. Et nous sommes parmi les pays ayant contribuer à la création de l’Organisation des non-alignés. Celui qui veut jouer le rôle de médiateur ne doit pas s’aligner. Tous les intervenants en Libye sont des amis, l’Egypte, les Emirats, la Russie, la Turquie. Donc, nous avons plus de chance que notre voix arrive aux amis et aux frères. Nous nous apitoyons sur le sort du peuple libyen, qui saigne actuellement. Nous devons arrêter cette tragédie. Nous n’avons pas de visées économique, politique ou expansionniste en Libye. L’Algérie ne va jamais suivre une politique qu’elle n’a pas choisi. Nous choisissons notre propre politique, personne nous ne l’impose », a-t-il précisé.

« Nous espérons que les choses se normalisent avec le Maroc »

A propos de l’ouverture des frontières terrestres entre le Maroc et l’Algérie, le président Tebboune a indiqué que la fermeture, en 1994, a été une réaction. « C’était la seconde fois que la fermeture était décidée. La deuxième fois était plus douloureuse. A l’époque (en 1994), le contexte était très mauvais. L’Algérie a été accusée de terrorisme au moment où des européens considéraient tous les algériens comme des terroristes. L’espace aérien a été fermé. Aucun avion européen n’atterrissait en Algérie. Dans ce contexte, un pays frère nous accusait de terrorisme, fermait et imposait le visa. On en parlera un jour. Nous n’avons pas de rancune, mais nous avons toujours une réaction. Il est difficile de parler le même langage lorsqu’il y a d’autres arrière-pensées. L’Algérie est claire, peut être lue facilement. Nous espérons que les choses se normalisent avec le Maroc. Les questions en suspens ne se règlent pas par les manœuvres, les complots et les tentatives d’isoler l’autre. Les deux peuples ont des relations beaucoup plus fortes que cela », a-t-il précisé. Rabat a décidé de fermer ses frontières avec l’Algérie après les attentats terroristes de Marrakech.  « Le peuple algérien a une affection particulière aux marocains. Ce n’est pas de la démagogie. Les algériens adorent visiter le Maroc. Il y a des traditions d’accueil dans les deux pays. Quand l’Algérie a gagné la Coupe d’Afrique des nations (de Football en Egypte en 2019), les marocains, comme les algériens sont sortis manifester leur joie. Cela prouve que les peuples sont proches. L’espoir demeure mais doit être consolidé par des indices. Nous souhaitons que les choses retrouvent leur normalité », a ajouté le chef d’Etat algérien.

« La Russie est presque un pays frère »

Le président Tebboune a plaidé pour le renforcement la coopération avec la Russie. « La Russie est presque un pays frère, pas ami uniquement. Mon souhait est que la coopération soit du niveau de l’entente politique et du partage des principes de libération. Nous devons passer à une autre phase de consolidation des relations économiques et culturelles avec la Russie. Les relations actuelles n’expriment pas le rapprochement des points de vue politiques entre nos deux pays. Nous n’avons aucun problème avec la Russie et nous n’en aurons jamais. Nous avons les mêmes principes », a-t-il déclaré. Il a annoncé répondre bientôt à une invitation du président Vladimir Poutine de visiter la Russie. « La Russie n’est pas n’importe quel pays », a-t-il appuyé.

« Nous avons une Histoire commune avec La Turquie »

« Nous avons des relations économiques fortes avec la Turquie. Nous avons une Histoire commune avec la Turquie qui remonte à des siècles », a déclaré le président Tebboune à propos de la Turquie. Il a appelé les palestiniens à réunifier leur rang en qualifié « le deal du siècle », proposé le président américain, de plan raté car « on ne peut pas effacer un peuple de la face de la terre ». Concernant la Syrie, le chef de l’Etat a soutenu que l’Algérie, fidèle à ses principes, n’accepte pas qu’on porte atteinte à un peuple ou un pays arabe. « La Syrie est un pays fondateur de la Ligue arabe et est parmi les plus anciens pays arabes. Nous avons prévu que la Syrie n’allait pas chuter. Ce qui a affaibli la Syrie, sur la scène internationale, est le fait que ce pays a refusé la normalisation (avec Israël). C’est un pays qui a vécu dans la confrontation. Toute son économie et sa politique ont été construites autour de cela. Raison pour laquelle peu d’espaces ont été laissés à la liberté et à la démocratie. Je pense que le pouvoir syrien doit ouvrir un peu, car celui qui n’est pas fort à l’intérieur, ne peut pas l’être à l’extérieur. Les peuples doivent s’autodéterminer, on ne doit pas leur dicter quoi que ce soit. Ceux qui achètent et vendent dans l’affaire de la Syrie et de la Palestine n’ont pas le droit de céder ce qu’ils ne possèdent pas », a-t-il plaidé.