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Quel avenir démocratique pour la Tunisie ?

Radio M | 31/07/21 18:07

Quel avenir démocratique pour la Tunisie ?

Après avoir gelé les travaux du Parlement et pris en main le pouvoir exécutif, le 25 juillet dernier, le président tunisien Kais Saied doit poursuivre les procédures du « changement » qu’il a entamé. Mais quel sort pour le processus démocratique au pays de la révolution du jasmin ?

Les décisions du président sont intervenues après une journée de manifestations de tunisiens exaspérés par la crise politique, économique, sociale et sanitaire que vit le pays. Des milliers de protestataires réclamaient, notamment, la dissolution de l’Assemblée. Une revendication à laquelle Kais Saied a répondu en partie en gelant le parlement et levant l’immunité parlementaire sur les députés.

Contacté par Radio M, le journaliste tunisien Zied Dabbar, a indiqué que la crise politique que vit son pays actuellement était prévisible. D’après lui, le parlement est devenu « un danger sur la démocratie en Tunisie ».

« Le parlement légiférait des lois pour blanchir les fraudeurs. Des lois relatives au redressement fiscale ont été également adoptées mais dans l’intérêts des membres de l’alliance parlementaire », a dénoncé le journaliste qui suit les évènements de près. Il a également signalé que le pouvoir exécutif était « pire » notamment sur le plan des libertés !   

Dans ce sillage, il a qualifié les dernières années en Tunisie de « décennie noire », sous l’emprise de « la bande, de la mafia et des lobbies ».

Dans une déclaration à Radio M, le spécialiste des questions de défense et de sécurité au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, Akram Kharief, a confirmé que la Tunisie passe par une « période difficile ».

Pour lui, « Kais Saied a compris qu’il y avait des forces étrangères qui peuvent avoir de l’influence sur la Tunisie et qui pouvaient impacter le processus démocratique là-bas ».

Le spécialiste pense à cet effet, que « l’objectif de Kais Saied est d’arrêter cet influence notamment celle des pays comme les Emirats arabes unies, l’Iran et la Turquie ».

Processus démocratique

Interrogé sur le processus démocratique en Tunisie, Akram Kharief a expliqué que le président tunisien a enclenché un processus mais que « nous ignorons si celui-là est démocratique où il va au contraire plonger la Tunisie dans un processus anti-démocratique ».  

Pour lui il faut attendre la suite des évènements pendant ces 30 jours, puisqu’il a été décidé le gel des travaux du Parlement pour une durée d’un mois. « Il faut attendre pour voir ce qui se passera exactement », a-t-il précisé.

Un point de vue partagé par Zied Dabbar, qui trouve que ce sont les prochaines décisions de Kais Saied  qui définiront la nouvelle feuille de route et  l’orientation politique du pays à l’avenir.

Akram Kharief estime également qu’il y a une volonté d’apaisement entre le président et l’opposition en citant le parti Ennahdha, principal parti au Parlement, qui se dit prêt « à la tenue d’élections législatives et présidentielle anticipées simultanées pour garantir la protection du processus démocratique ».

Enfin, le journaliste tunisien affirme que « la population a salué le premier pas du président est attend attentivement les prochaines étapes pour voir plus claire ».