Primé du César, le film "Papicha" toujours interdit en Algérie - Radio M

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Primé du César, le film “Papicha” toujours interdit en Algérie

Ghada Hamrouche | 29/02/20 10:02

Primé du César, le film  “Papicha” toujours interdit en Algérie

“Papicha”, le long métrage de la franco-algérienne Mounia Meddour a décroché, vendredi 28 février au soir, le César du meilleur premier film. La comédienne franco-algérienne Lyna Khoudri, qui a interprété le premier rôle, a obtenu le César du meilleur espoir féminin, lors de la 45ème cérémonie des Césars du cinéma français, organisée par l’Académie des arts et techniques du cinéma, traditionnellement à la salle Pleyel à Paris. Lors de la même cérémonie, « Parasite » du sud coréen Bong Joon-ho, déjà consacré par les Oscars à Los Angeles et par le Festival de Cannes, a décrcohé le César du meilleur du film étranger. Le franco-polonais Roman Polanski a obtenu le César du meilleur réalisateur pour son film « J’accuse ».Ce prix a fait scandale. Des comédiens ont quitté la salle aux cris de « la honte, la honte » alors que des heurts ont éclaté devant la salle avant le début de cérémonie entre des féministes et des policiers. Roman Polanski, qui a été exclu de l’Académie des Oscars, est poursuivi par la justice américaine pour plusieurs affaires de viol mais qui n’est pas inquiété par la justice française. « Il m’a fallu énormément de courage pour me décider à raconter cette histoire personnelle, qui est douloureuse aussi mais qui était nécessaire. C’est un témoignage important du combat des femmes en Algérie, du combat des femmes de façon générale. Merci de nous remercier de l’autre côté de la Méditerranée et je dirais « One, two, three  viva l’Algérie », a déclaré Mounia Meddour après la remise du César. Elle a remercié le délégué général du Festival de Cannes Thiery Frémaux d’avoir fait connaître le film en le programmant, en mai 2019, dans la section « Un certain regard ». Le long métrage, qui est un co-production entre la France, la Belgique, l’Algérie et le Qatar, a été primé également au festival du film francophone d’Angoulême. Il n’a pas été retenu dans la short list par l’Académie des Oscars en automne 2019.

” point de vue sur un moment de l’Histoire…”

Le 17 mai 2019, lors du festival de Cannes, les comédiennes Shirine Boutella, Zahra Doumandji, Lyna Khoudri et Amira Hilda Douaouda et la réalisatrice Mounia Meddour sont apprues lors du traditionnel photocall avec des badges portant la mention « Yetnahaw gaa » et « 2ème République ». C’était une manière de soutenir le mouvement de contestation populaire en cours en Algérie depuis le 22 février 2019. Peu apprécié par les autorités algérienne, cet acte a, semble-t-il, motivé l’interdiction du film en Algérie en septembre 2019. L’avant-première algérienne était prévue le samedi 21 septembre, avec sortie nationale à partir du 22 septembre. L’Institut français d’Algérie (IFA) a également annulé une projection qui était prévue à la même période. Le ministère de la Culture n’a donné aucune explication officielle à la censure du film en Algérie. Il n’existe aucune décision écrite motivant cette décision d’apparence politique. « Personne n’a pu me donner d’explication. Il y a comme une interdiction que personne ne veut assumer », a déclaré Belkacem Hadjadj, qui a coproduit le long métrage. « Papicha » est sorti dans les salles en France en octobre 2019. Il a été programmé dans des salles en Europe, en Amérique du Nord et au Maghreb. Sans être un chef d’oeuvre cinématographique et sans échapper aux clichés, « Papicha » replonge dans l’Algérie des années 1990 à travers l’histoire d’étudiantes dans une cité universitaire à Alger. L’une d’elle, « Nedjma » (Lyna Khoudri), passionnée de stylisme, entend organiser un défilé de mode. Une manière de résister à la montée de l’extérmisme surtout après l’assassinat de sa soeur. Mounia Meddour a puisé, en partie, dans ses souvenirs d’étudiante en journalisme à Alger dans les années 1990. « C’est mon point de vue sur un moment de l’Histoire algérienne et sur une génération de l’époque. Et donc, je voulais avoir ce partie pris très précis », a expliqué Mounia Meddour. La cinéaste, qui est établie en France, ne s’est pas exprimée d’une manière claire sur l’interdiction de son film en Algérie.