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Nabil Mellah est une chance pour le pays, pas une menace (Blog)

Sid Ahmed Semiane | 02/05/22 15:05

Nabil Mellah est une chance pour le pays, pas une menace (Blog)

Par Sid Ahmed Semiane

359 jours de prison. Nabil Mellah est en prison depuis presque un an.

Détention d’une année. Pour rien. Sans rien. Sans raisons. Sans procès. Sans respect des procédures judiciaires les plus élémentaires. En violation totale du droit et du bon sens. C’est triste. C’est injuste. C’est tragique. C’est monstrueux.

Cet homme, brave, honnête, travailleur, drôle, compétent, cet homme brillant croupit, avec d’autres algériens, dans les geôles sordides d’un pays dévasté par un vent de folie sans précédent qu’aucun appel à la raison ne semble pouvoir stopper.

Nabil Mellah est une chance pour l’Algérie. Pas une menace… qu’il faut enfermer coûte que coûte dans une cellule, derrière des murs, comme un criminel de la pire engeance. Nabil est Une chance pour n’importe quel autre pays. Du moins, il aurait dû l’être pour tout pays qui aspire à être un pays. Tout juste un pays.

Il aurait eu une vie tranquille…et il aurait été cette chance de plus que les pays cherchent à additionner dans leurs tableaux de bords, leurs tableaux de chasse, pour augmenter leurs chances d’aller mieux. Constamment mieux. Il aurait été cette « chance » pour le Canada, avec d’autres Algériens et Algériennes, de plus en plus nombreux, pour la France, ou l’Amérique, ou l’Asie ou ailleurs dans ce vaste monde. Il a suffisamment de talent et d’audace pour pouvoir le faire. Il ne l’a pas fait. Il a fait un autre choix. Celui d’être « là ».

Mais c’est quoi ce « là » ? C’est où ce « là » ? Qu’est devenu ce « là » ?

Fallait-il que Nabil fasse un autre choix ? Se trace un autre destin ? Fallait t’il qu’il s’offre une Autre histoire ? Un autre pays ? Un autre « là » ?

Ce « là » si épuisant. Si dangereux par les temps qui courent où, pour un oui ou pour un non, nous sommes condamnés à de lourdes peines de prison, des détentions préventives sans fin, et des accusations délirantes.

 Arbitraire sans issue

 Amina Mellah, son épouse, compte les jours, les nuits, les mois, les fêtes, les saisons, les ramadans, sans son époux. Nous comptons avec elle. C’est tout ce que nous pouvons faire pour tenter d’alléger un peu de sa douleur silencieuse et digne. Nous comptons. Nous comptons les jours. Nous comptons les coups. Nous comptons les arrestations. Nous comptons les arbitraires. Nous comptons nos impuissances.

Souvent, j’ai honte d’être si impuissant, si faible et de ne pas pouvoir offrir plus.

En attendant, je dis juste que Nabil Mellah n’a rien à faire en prison. Il n’a absolument rien à y faire.

Libérez Nabil Mellah. Libérez Amina.

Je parle de Nabil Mellah, mais je pense aux autres, à tous les autres. Pour moi, le nom de Nabil évoque aussi les autres. Je pense à El Hadi Lassouli, un autre brave. Un autre homme honnête. Une autre élégance du cœur. Je pense à son épouse aussi.

Je pense à Chafik Medjahed, à Mohamed Tadjadjit. A Mohamed Mouloudj, à Hamou Boumediene, à Merzoug Touati et à tous les autres injustement jetés en prison. A tous les autres sans visages aussi. A toutes ces gueules cabossées, oubliées. Je pense à leurs familles qui comme Amina Mellah, doivent, elles aussi, compter les jours, les nuit ; les saisons, les fêtes, les mois, les ramadans…

Que cesse cet arbitraire. Il est dangereux. Il est sans issue.