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Liberté de la presse : Khaled Drareni explique le nouveau classement des pays nord-africains

La Rédaction | 03/05/22 12:05

Liberté de la presse : Khaled Drareni explique le nouveau classement des pays nord-africains

Le représentant de Reporters sans frontières (RSF) pour l’Afrique du Nord, Khaled Drareni, réagit, dans un entretien accordé à TV5 Monde, au classement de la liberté de la presse 2022. Il explique pourquoi des pays ont reculé et d’autres ont gagné des places dans ce classement annuel.

La Tunisie perd 21 places, passant du 73e au 94e rang. Mais malgré ela, Khaled Drareni estime que le pays reste la seule démocratie relative de la région.

Il explique que les conséquences du coup de force du président Kais Saied sont claires : “Depuis le coup de force du président, il y a une restriction claire sur la ligne éditoriale des médias publics, et sur certains médias privés.”

Khaled Drareni souligne que “si on devait comparer avec les autres pays de la région, on peut dire que la liberté de la presse se porte beaucoup mieux en Tunisie que dans les autres pays du Maghreb, malgré un très grand nombre d’imperfections et de problèmes”.

Paradoxalement, l’Algérie gagne douze points pour passer de la 146e à la 134e place. Cette progression est en réalité purement mécanique, puisque la presse algérienne vit ses pires moments. Khaled Drareni apporte d’ailleurs un éclairage pertinent concernant ce classement surprenant. Il note que « comme pour le recul de la Tunisie, la progression de l’Algérie s’explique par la méthodologie.” Pour lui, elle “monte car d’autres pays descendent. Cela ne veut pas dire que la situation de la liberté de la presse s’est améliorée, bien au contraire”.

La situation de la liberté de la presse en Algérie reste “extrêmement préoccupante”, ajoute le journaliste. Il considère cependant qu’il y a toujours l’”espoir que les autorités algériennes comprennent qu’il ne peut y avoir de cadre moderne et démocratique sans presse libre et indépendante”.

Concernant le Maroc, ce pays gagne une place, passant de la 136e à la 135e position sur 179. Mais pour le représentant de RSF “la liberté de la presse au Maroc est vraiment menacée aujourd’hui”. “Ça dure depuis des années. Malheureusement, on ne voit pas une issue favorable ou positive”, indique-t-il.

Il rappelle à cet effet que beaucoup de journalistes marocains sont incarcérés, notamment « Soulaimane Raissouni et Omar Radi qui n’ont que trop souffert et ce, uniquement pour avoir fait leur travail de journaliste et pas du tout pour des accusations farfelues pour lesquelles ils sont enfermés”.

Interrogé sur les accusations qu’il qualifie de “farfelues” à l’encontre des deux journalistes, Khaled Drareni signale qu’il s’agit d’un point commun entre les autorités algériennes et marocaines. En Algérie, la loi interdit d’emprisonner un journaliste, donc on trouve toujours d’autres accusations dans le code pénal pour le condamner”.