Le Marabout qui a protégé Oran 2022 n’a pas de Code QR - Radio M

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Bir El Djir Chrono 8: Le Marabout qui a protégé Oran 2022 n’a pas de Code QR

Ihsane El Kadi | 03/07/22 17:07

Bir El Djir Chrono 8: Le Marabout qui a protégé Oran 2022 n’a pas de Code QR

La géométrie de l’organisation varie tous les jours ici. Le public s’est adapté. En descendant de la butte de Belgaid vers le complexe olympique Miloud Hadefi, ceux qui viennent du nord prennent le pouls du jour. Nouvel axe routier interdit ou pas, grande cohue devant le premier filtre barrière ou pas, Code QR exigé sur papier ou pas.

Le pari du COJM était celui-là. Rattraper un continent de retard organisationnel en misant sur le déclic d’une belle cérémonie d’ouverture clé en main. L’enthousiasme populaire comblerait le reste. Pas insensé. En lévitation et en apnée, le formidable élan des premiers jours restait sous la menace de l’attraction terrestre.

Chute ou retour à la surface. Par paliers de décompression. La liste des gros incidents s’est emballée au fil des jours. D’abord celle qui touche à l’essentiel. Le déroulement de la compétition. Un bus d’athlètes a manqué une compétition à cause des bouchons autour du stade. Blâme du CIJM au COJM, incident qualifié de « dramatique ».

Il en a résulté des scènes d’anthropologie amazoniennes devant les portiques électroniques entre policiers en mode bug et familles Code QR en étendard

Le CIJM a rappelé qu’il avait insisté sur une recommandation non respectée d’un couloir dédié au transport des athlètes.  Ensuite, celle qui restaure les atavismes de l’autoritarisme. Le matraquage choquant de centaines citoyens aux abords du stade Zabana venus encourager les Verts U18 face à la France dans le tournoi de football. Atterrissage sanglant. Enfin celle qui touche au chaos ordinaire d’un pays décroché digitalement, à la gouvernance ronce.

Le feuilleton des réservations sur la plateforme Tadkirati est épique. Un oranais dépité m’a avoué « j’ai passé plus de temps devant mon écran à remplir des formulaires et à attendre que l’accès s’ouvre que devant ma télé à regarder les épreuves ». Il en a résulté des scènes d’anthropologie amazoniennes devant les portiques électroniques entre policiers en mode bug et familles Code QR en étendard. Poker numérique qui a empêché sans doute quelques dizaines de milliers d’Algériens de faire le déplacement à Oran.

Et conduit, ultime ilot directionnel obstrué, « à la fermeture provisoire » par le COJM ce samedi de la vente des billets électroniques.  La mise sur orbite haute des jeux, le 25 juin dernier, ne garantissait pas une perte d’altitude rapide. Spationautes pas assez préparés. Moteurs auxiliaires de la capsule poussifs.  Les JM d’Oran 2022 échapperont sans doute au crash, d’un retour chaotique sur terre avant date prévue. Grace, une fois de plus à la magie du sport. À la générosité du public qui a choisi de veiller sur ses jeux vaille que vaille.

El Hamri, ou se trouve le mythique stade Zabana, aurait pu tourner à l’émeute. Les familles auraient pu ne plus revenir au stade Olympique après l’expérience angoissante du 1er jour d’athlétisme pour y accéder. Le CCO totalement incompatible avec la popularité du Karaté ou du Judo a échappé au pire. Une main invisible a continué à protéger miraculeusement Oran2022.

Même le retrait des handballeurs Slovènes pour de nombreux cas Covid, n’a pas réussi à dénouer l’influence du talisman. Le pari du COJM n’est pas perdu. Les jeux sont écornés. Ils attendent de dernières vibrations pour ne retenir que le meilleur.