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Le Hirak des étudiants s’invite à la Casbah d’Alger

Khaled Aboubaker | 02/03/21 22:03

Le Hirak des étudiants s’invite à la Casbah d’Alger

Les étudiants épaulés par leurs concitoyens algérois ont tenu ce mardi leur 107ème manifestation du Hirak.

La particularité de ce mardi 2 mars, c’est l’itinéraire inédit emprunté par les centaines de jeunes, qui ont choisi d’arpenter les ruelles de la Casbah d’Alger pour contourner le cordon policier déployé afin de les empêcher de progresser vers Alger-Centre.

Vers les coups de 11H30, la place des Martyrs était quadrillée par un important dispositif policier. Tout rassemblement prenait une allure suspecte, notamment suite à la reconduction, hier, des mesures de confinement, qui interdisent le regroupement de citoyens. Les quelques quidams qui ont répondu présent avant l’arrivée des étudiants ont été priés de quitter les lieux.

Quelques minutes plus tard, une vingtaine d’étudiants arrivèrent place des Martyrs, rejoint dans la foulée par d’autres groupes de manifestants, donnant ainsi le coup d’envoi de la marche.

Comme à l’accoutumée, la marche des étudiants ont entonné “Kassaman”, l’hymne national, avant de lancer un rappel sur le caractère pacifique des “manifs”. La “Silmiya”, Plus que jamais marque de fabrique du Hirak.

Les revendications habituelles du Hirak à travers les slogans “Dawla madanya machi Askarya” “Djzair Hora Dimokratya” ou encore “Libérez l’Algérie”, rythment la marche.

Mais au moment où les étudiants ont essayé d’avancer vers la rue Bab Azzoune et initier leur parcours habituel, un cordon policier s’est vite formé pour les empêcher d’avancer. Que faire ?

L’appel de “Ali Amar”

La lumière surgit enfin ! Un groupe de manifestants se dirige vers la mosquée Ketchawa pour emprunter, en suite, le chemin de la basse Casbah, en scandant “Nodho ya El Assima nodho” (debout Alger, debout ! ), en guise d’appel aux habitants de ce quartier mythique qui respire l’histoire.

Les manifestants, qui voulaient contourner le dispositif policier, sont passé par les vieilles ruelles et les escaliers de la casbah, jusqu’à la Rue Ali Amar. A ce moment précis de la marche, des centaines de citoyens et d’écoliers ont rejoint la foule. Ils scandaient : “Ya Ali Amar bladi en danger, Nkemlou fiha la bataille d’Alger”, “Etudiant s’engage, système dégage” ou encore le fameux appel aux martyrs “Ya Ali”.

Depuis la rue Ali Amar, les manifestants ont rejoint la rue Larbi Ben M’hidi en passant par le marché couvert, Ali Amar, et l’ancien marché des vendeurs ambulants “Djama Lihoud”.

Pour l’étudiant Yacine, qui tente de reprendre son souffle après une course dans les ruelles de la Casbah, “nous essayons à tout prix d’éviter le contact avec les policiers. non seulement ils peuvent nous réprimer, vu que nous ne sommes pas nombreux, mais également afin de préserver le caractère pacifique du Hirak”.

Rue Ben M’hidi, les manifestants avait atteint le nombre de 1000 personnes. La marche s’est déroulée de manière pacifique, sans aucun incident à signaler.

Suite aux dernières critiques sur certains slogans ayant suscité la controverse, lors de la grande marche de vendredi dernier, un autre a refait surface, aujourd’hui, rappelant que le Hirak se se conçoit au-delà de toute idéologie, “Makayen Islami makayen Ailmani, kayen Issaba tesrek Ainani” (Ce n’est pas une question d’islamistes ou de laïques, mais il s’agit une bande de voleurs qui nous trahit).

Direction la Grande Poste, avant un mouvement de foule à Tafourah

A partir de la rue Larbi Ben M’hidi, les manifestants se sont dirigés vers la rue Pasteur en scandant “Dawla madania machi Askaria”. une grande pancarte a été déployée, sur laquelle on peut lire : l’amendement de la constitution, la dissolution du parlement, la grâce présidentielle, sont une pièce de théâtre, le problème est dans la légitimité. Ni Toufik, ni Nezzar ni ingérence française”.

Les forces de l’ordre ont redirigé la marche vers la Fac Centrale, qui a rejoint ensuite la rue Khemisti en descendant vers le carrefour Tafourah.

Coup de force à Tafourah

Arrivés au carrefour Tafourah et au moment où ils s’apprêtaient à terminer comptent terminer la marche en entonnant l’hymne national, les forces de l’ordre ont tenté de disperser la foule en usant de la force, ce qui a engendré un mouvement de panique générale.

Selon les agents de la protection civile, pas moins de 6 manifestants, majoritairement des femmes âgées, furent blessés. Une seule interpellation est à signaler au niveau du carrefour Tafourah.

A la fin de la marche, les forces de l’ordre ont repoussé les manifestants vers les arrêts de bus des étudiants, à Tafourah, dans le calme absolue.

Carton rouge

Encore une fois, et pour la quatrième manifestation depuis le 22 février dernier, les manifestants n’ont pas respecté les mesures de protection contre le Coronavirus, notamment le port des masques.