L'après-Tebboune a-t-il déjà commencé? (BLOG) - Radio M

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L’après-Tebboune a-t-il déjà commencé? (BLOG)

Said Djaafer | 23/01/20 19:01

L’après-Tebboune a-t-il déjà commencé? (BLOG)

La rencontre de Abdelmadjid Tebboune avec la presse n’a pas à être abordée sur la base d’un point de vue politique sur l’homme et sur la manière dont il est arrivé à la Présidence. Le plus important est l’image de l’Algérie qu’il incarne désormais à l’intérieur et à l’extérieur. L’observateur honnête ne peut nier le fait que ce qui a été diffusé par les chaînes de télévision est douloureux et qu’il a peut-être désespéré ceux qui ont à cœur les intérêts de leur pays.

La première question qui vient à l’esprit est celle de savoir qui a décidé que Tebboune devait parler à la presse? Deux mois à peine sont passés depuis que l’homme a pris ses fonctions, c’est un laps de temps insuffisant pour élaborer des questions fondées et sérieuses sur les choix du gouvernement; lequel gouvernement n’a pas encore présenté son programme au parlement. La rencontre semble être devenue un but en soi, c’est sans doute une idée de l’équipe qui entoure Tebboune et à sa tête son conseiller à la communication qui a un statut de ministre. En somme, cela indique que nous sommes davantage dans une opération de communication que dans l’action politique. La rencontre devait permettre de donner l’image d’une stature présidentielle à l’opinion publique, c’est le contraire qui est arrivé.

Il a été décidé que la rencontre ne sera pas diffusée en direct, lui faisant perdre ainsi de sa crédibilité. Une diffusion différée est fondée sur la crainte d’une perte de contrôle et de l’incapacité de Tebboune à donner l’image voulue. Le montage grossier et médiocre de la rencontre a encore affaibli Tebboune en laissant suggérer que ses réponses ont été soumises à la censure, aux coupures et aux suppressions, ce qui soulève un problème politique et éthique complexe.

Il n’y a pas une équipe efficace au niveau de la Présidence capable de construire et de vendre une bonne image du président. Tout ce qu’il y a est la croyance que le fait qu’il y a un président qui parle est déjà un miracle dans un pays à la tête duquel une personne en état d’incapacité est restée pendant six ans. Cette croyance montre à quel point l’état de déliquescence avancée de l’Etat a pénétré dans les profondeurs de la première institution constitutionnelle.

Une phase de transition

Tebboune a montré qu’il n’a pas de vision. La seule conclusion que l’on peut tirer de ses réponses aux questions des journalistes est que son rôle consiste à occuper le poste de président pour dépasser la situation de vacance; et que l’objectif à atteindre rapidement est de faire passer la constitution, organiser des élections et ensuite aller vers la recherche d’une solution. Autrement dit, nous sommes effectivement dans une phase de transition dont la fin sera aussi celle de la mission de Tebboune.

Mais avant d’y arriver, il faut constater qu’il n’y a aucune vision et qu’il n’y aucune équipe qui en élabore une. Les longues digressions sur des questions de détails et l’incapacité à présenter une approche globale aux plans politique, économique et social confirment que les élections n’ont pas apporté la solution. Tout ce que fera le gouvernement va consister à s’occuper des détails au jour le jour et de chercher une solution lorsque le problème se pose. En un mot, nous sommes devant une absence totale de planification, de préparation ou d’anticipation. Il y a bien un discours de glorification des compétences, de l’expertise et des noms; mais il y a une absence totale des politiques à même de permettre à ces compétences et à ces expertises de produire de la plus-value et de créer de la richesse.

Une seule question m’est restée à l’esprit en suivant cette rencontre: l’après-Tebboune a-t-il déjà effectivement commencé?

Traduit par la rédaction – Article original