Laouari Addi : « le président français reconnaît la légitimité du Hirak, ce qui est inacceptable pour le gouvernement algérien » - Radio M

Radio M

Laouari Addi : « le président français reconnaît la légitimité du Hirak, ce qui est inacceptable pour le gouvernement algérien »

La Rédaction | 10/10/21 20:10

Laouari Addi : « le président français reconnaît la légitimité du Hirak, ce qui est inacceptable pour le gouvernement algérien »

Dans une tribune parue au journal Le Monde, le sociologue et politologue Lahouari Addi a estimé que le président français “reconnaît explicitement par ses propos la légitimité politique des revendications du Hirak”, ce qui est “inacceptable pour le gouvernement algérien”.

Par les propos qu’il a tenus le 30 septembre, Emmanuel Macron reconnaît explicitement la légitimité politique des revendications du Hirak, ce qui est selon le spécialiste « inacceptable pour le régime algérien qui, jusqu’à présent, a toujours bénéficié de l’appui diplomatique de la France ». « La réaction virulente d’Alger exprime la peur de perdre la rente diplomatique française », estime l’auteur de la tribune.  

« Si les propos du président français sont courageux, surmontant la raison d’Etat et ne reculant pas devant les lobbys économiques sectoriels, ils prêtent cependant le flanc à la critique lorsqu’il a déclaré que la nation algérienne n’existait pas avant la colonisation française du fait qu’elle appartenait à l’Empire ottoman » a-t-il noté dans sa tribune.

Pour lui, « Bas du formulairele même raisonnement pourrait être appliqué aux pays européens, devenus souverains après leur refus de la double tutelle politique et spirituelle du Saint Empire romain germanique et du Vatican ».  Le sociologue a ajouté que « les monarchies européennes, dont la France, ne sont devenues des entités souveraines qu’après les traités de Westphalie de 1648 ».

Quant aux dernières déclarations de Macron sur le régime algérien, le sociologue explique que « les officiels français sont exaspérés de ne pas avoir des interlocuteurs algériens dotés de l’autorité que leurs fonctions supposent ». C’est ainsi qu’il a expliqué les dires d’Emmanuel Macron quand il évoque son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune, qu’il décrit comme étant l’otage d’un « système politico-militaire dur » ».

Pour Laouari Addi, cette déclaration est considérée comme « un coup de poignard dans le dos par des généraux qui font tout pour apparaître sous les ordres du président ». « La réaction sera d’autant plus brutale que le régime algérien n’assume pas sa caractéristique essentielle, à savoir que la souveraineté appartient à la hiérarchie militaire en lieu et place de l’électorat, sous un habillage institutionnel qui ne traduit pas la réalité des rapports d’autorité au sommet de l’Etat » a-t-il ajouté.

En réalité, la démocratie en Algérie « est juste formelle puisque le président est désigné par la hiérarchie militaire à la suite d’un plébiscite auquel participent des candidats qui acceptent d’être des leurres » analyse le politologue. « L’armée est seule source du pouvoir » a-t-il martelé.