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La Tunisie n’a toujours pas de gouvernement

Salim Mesbah | 15/12/19 12:12

La Tunisie n’a toujours pas de gouvernement

La Tunisie n’a toujours pas de gouvernement, deux mois après les législatives du 6 octobre. En cause la difficulté rencontrée par le parti islamiste d’Ennahda, vainqueur des législatives mais sans majorité, à convaincre les autres formations politiques à rejoindre le gouvernement du premier ministre Habib Jemli.

Ni les sociaux-démocrates d’Attayar (22 sièges), ni les nationalistes de Al-Chaab (15 sièges), ont accepté la proposition de M Jemli de rejoindre le gouvernement, indiquant ne pas avoir obtenu les ministères clés qu’ils demandaient –notamment la Justice et l’Intérieur.

C’est le cas également du parti “Qalb Tounes” du candidat à la présidentielle Nabil Karoui, arrivé en deuxième position des législatives avec 38 sièges, qui s’est retiré des consultations. Les autres partis consultés craignent d’être associés à la formation islamiste, dont l’expérience à la tête du pouvoir par le passé n’a pas été un franc succès,. Le parti n’était pas parvenu à faire décoller l’économie, ni à répondre aux attentes sociales attisées par la révolution de 2011.

UGTT urge de trouver une solution.

Le secrétaire général adjoint de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) a appelé, samedi, les acteurs politiques et les partis, à surmonter leurs divergences politiques et à “accélérer la formation du nouveau gouvernement pour sauvegarder le pays”.

Selon l’universitaire politologue Abdellatif Hannachi, le blocage actuel est naturel et prévisible au regard de la forme mosaïque du gouvernement.

Le politologue estime que la loi électorale et le système politique sont à l’origine du blocage. Et d’ajouter qu’il aurait été plus judicieux de mettre sur la table des concertations les grandes questions économiques et sociales, tout en “évitant les conflits idéologiques.

Urgence

Le retard pris pour constituer un gouvernement a d’ores et déjà des conséquences sur l’économie du pays. Le FMI qui a versé 1,6 milliard de dollars à la Tunisie depuis 2016 dans le cadre d’un plan d’aide, attend la mise en chantier de vastes réformes, dont la réduction des dépenses publiques et des déficits.

Pour l’économiste Ezzedine Saidane, “tous les indicateurs” restent “dans le rouge”. “Le retard pris dans la formation du gouvernement et les tiraillements à l’Assemblée ne vont pas permettre de lancer les réformes cruciales”, estime-t-il.