Elections partielles : un scrutin qui confirme la crise de confiance   - Radio M

Radio M

Elections partielles : un scrutin qui confirme la crise de confiance  

Radio M | 16/10/22 21:10

Elections partielles : un scrutin qui confirme la crise de confiance  

Même à une échelle réduite, le taux de participation aux élections partielles qui viennent d’avoir lieu dans six communes de Kabylie traduit le peu d’engouement que manifeste la population à l’égard des scrutins organisés depuis l’insurrection populaire en février 2019.

Par Meziane Isli

Malgré le satisfecit de Mohamed Charfi, président de l’autorité nationale indépendante des élections (ANIE), qualifiant de « respectable » le taux de participation, celui-ci n’a pas dérogé à la règle. Seulement 30, 11% des électeurs ont participé au scrutin dans les quatre communes concernées de Bejaia alors que dans les deux communes de Tizi-Ouzou, le taux de participation a atteint à la clôture des bureaux 33,72 %.

Plus importante agglomération de la wilaya de Bejaia, la ville d’Akbou avec ses 80000 habitants n’a enregistré que 16,40% de participation du collège électoral. Des taux qui confirment, par certains aspects, celui enregistré au niveau national lors des élections locales de novembre 2021 puisqu’il n’avait pas dépassé les 37%.

Pourtant, le contexte n’est pas le même. Si en 2021, les partis et autres postulants indépendants n’ont pas pu présenter de listes, cette fois-ci, ils étaient nombreux à avoir participé. Cela sans compter la latitude dont ils ont disposé pour mener leur campagne, contrairement au climat politique ayant entouré l’échéance de novembre 2021.

Mieux, il est de tradition que l’élection des représentants municipaux suscite un certain intérêt auprès de la population : d’abord, en raison de la nature de l’élection liée à la gouvernance locale et, ensuite, à la mobilisation des réseaux parfois familiaux.

En boudant ces élections partielles, les populations des communes concernées confirment par certains égards la tendance exprimée durant les scrutins organisés ces dernières années : les algériens se rendent de moins en moins aux urnes.

Persistance de la crise de confiance ? Sans doute. Lassés des promesses sans lendemain durant de nombreuses années, une bonne partie des algériens, à l’image des électeurs concernés par les élections partielles, a aussi découvert à la faveur de l’insurrection populaire l’ampleur de la corruption qui a gangréné plusieurs sphères et secteurs.

Mais, faute de changement de paradigmes de gouvernance et une ouverture démocratique, comme réclamé par le Hirak, de nature à rétablir la confiance, les tenants du pouvoir ont préféré la « manière forte » et la manœuvre pour empêcher toute velléité d’ouverture, comme en témoigne l’état des libertés aujourd’hui. Résultat des courses : une désaffection populaire qui plombe la légitimité des institutions et par ricochet de susciter l’adhésion populaire nécessaire à toute entreprise de redressement. Encore plus dans le contexte des défis auxquels est confronté le pays. Une situation aggravée probablement par les difficultés économiques qui précarisent de larges pans de la population.

Mais pour les tenants du pouvoir, le taux de participation n’est pas impératif. 

« J’ai déjà déclaré que le taux de participation ne m’intéressait pas. Ce qui m’importe est que ceux qui sortiront de l’urne détiennent la légitimité populaire qui leur permettra, demain, d’exercer le pouvoir législatif », avait déclaré Abdelmadjid Tebboune lors de la tenue des élections législatives.

Le taux de participation « respectable enregistré » renseigne sur « la forte conscience dont ont fait montre les électeurs de ces deux wilayas », particulièrement les communes concernées, quant à l’impératif d’élire les meilleurs représentants pour la gestion de leur affaires locales, a jugé quant à lui ce dimanche, Mohamd Charfi, selon des propos repris par l’agence officielle.