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ÉCLAIRAGE⎥Cinq questions autour de l’affaire Imane Khelif

Abdellah Benadouda | 27/03/23 12:03

ÉCLAIRAGE⎥Cinq questions autour de l’affaire Imane Khelif

La disqualification de Imane Khelif, à la veille de la finale des championnats du monde de boxe à New Delhi, pour cause de taux élevé de testostérones, a suscité des interrogations tous azimuts, des colères, des indignations, des incompréhensions et autant de déceptions. Qu’en est-il réellement ? Dans ce brouhaha, Abdallah Benadouda, se pose 5 bonnes questions.

1 – Que s’est-il vraiment passé ?

L’Algérienne Imane Khelif, qui était en lice pour la finale des championnats du monde de boxe amateur à New Delhi, dans la catégorie des moins de 66 kg, a été exclue pour non-respect des «critères d’éligibilité».

L’IBA (l’International Boxing association) ne donne pas plus de détails. Aucune explication en somme. Seuls l’athlète et le staff l’accompagnant sont tenus informés de l’ensemble des éléments contenus dans son dossier médical. l’IBA fait cela par respect de la confidentialité médicale et personnelle des athlètes. C’est Imane Khelif, elle-même, qui, dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, a suggéré que c’était en lien avec des dispositions naturelles dans son organisme, “ Khliqet rebbi” a-t-elle dit. Elle a aussi évoqué l’éventualité d’un complot, mais c’est probablement dû à une frustration légitime (être si près du but final) et au sentiment d’injustice (on y reviendra après)

Pour info, une autre boxeuse a été disqualifiée pour des raisons similaires et lors de la même compétition. Il s’agit de la double championne du monde taïwanaise, Lin Yu-ting , à qui une médaille en bronze a été tout simplement retirée. Complot anti-taïwanais ? Non. Injustice ? Maybe.

2 – C’est quoi le “critère d’éligibilité” non respecté ?

Selon toute vraisemblance, Imane serait une athlète hyperandrogéne. D’ailleurs ce n’est pas un problème et Imane a raison, elle est née comme ça et elle n’y est pour rien.

L’hyperandrogénie désigne un excès d’hormones masculines chez les femmes, les androgènes désignant les hormones sexuelles mâles.

Du coup, Imane a été disqualifiée car le taux de testostérone qu’elle produit, est supérieure à la “ norme” autorisée. C’est la raison invoquée par les differentes fédérations de sport.

3 – Comment faire alors pour que Imane ou les autres athlètes femmes hyperandrogénes puissent concourir dans les compétitions ?

Pour se conformer à la moyenne autorisée, les athlètes doivent baisser, médicalement, leur taux de testostérone. Et c’est là ou ça devient “problématique”, voire “injuste”. Pourquoi doit-elle réguler ce qui est considéré comme “un avantage physique alors qu’elle n’a pas triché ? C’est un avantage physique comme le serait la grande taille de certain.es athlètes (notamment au basket et au saut en hauteur). Et puis, c’est un traitement hormonal, lourd,  sur un corps sain et ce n’est jamais sans conséquences. D’où le combat judiciaire de la plus célèbre des athlètes hyperandrogénes, la double championne olympique du 800m, la sudafricaine Caster Semenya.

4 – Est-ce une discrimination ?

Pour les fédérations internationales et le Tribunal Arbitral du Sport  non ou alors ils parlent de “discrimination necessaire” pour garantir l’équité.

Pour de nombreux athlètes, spécialistes, militantes féministes et autres experts en Gender studies, c’est clairement une discrimination sexiste et c’est même intersexophobe et c’est une forme de “mutilation” qui rappelle bien d’autres traumatismes.

5 – Est-ce que les sportifs transgenres sont privilégiés par rapport aux athlètes hyperandrogènes ?

Faux et archi-faux. Il n’y a absolument aucun rapport entre les deux cas. C’est encore un délire de réacs et de masculinistes en mal de visibilité.

Quelques faits : L’IAAF (athlétisme) la FINA (natation) WBC (boxe) ont carrément banni les athlètes  transgenres des compétitions féminines.