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Détenus politiques en Tunisie : Le CRLDHT dénonce l’arbitraire judiciaire et appelle à un front de soutien

Radio M | 02/10/23 14:10

Détenus politiques en Tunisie : Le CRLDHT dénonce l’arbitraire judiciaire et appelle à un front de soutien

Le Comité pour le respect des libertés et des droits de l’Homme en Tunisie (CRLDHT) a dénoncé la convocation par le juge d’instruction de deux avocats après que ces derniers ont évoqué publiquement la demande du Comité de défense des détenus politiques l’audition de huit diplomates étrangers dans l’affaire dite de « complot contre la sûreté de l’Etat ».

« Maître Dalila Msadek et Maître Islam Hamza vont être déférées devant le juge d’instruction pour « avoir divulgué publiquement » (sic !) une affaire en cours d’instruction et « avoir imputé à un fonctionnaire public des faits illégaux sans en établir la véracité », indique le CRLDHT dans un communiqué.

« Les deux avocates ont fait référence dans leurs déclarations publiques à la demande écrite du Comité de défense (avocats) au juge d’instruction du pôle antiterroriste chargé de l’affaire dite de complot contre la sûreté de l’État d’entendre plusieurs diplomates étrangers ayant été cités dans ladite affaire », poursuit le communiqué.

En effet, le Comité de défense des détenus politiques avait publié dans un communiqué, rendu public le 29 septembre, la liste de huit diplomates étrangers et a demandé leurs auditions par le juge. Bien que ces derniers soient innocentés en avril, le ministère public tunisiens a continué les poursuites contre les détenus politiques pour de présumées rencontre avec ces diplomates dans le but de renverser le président Kais Saied. Parmi ces diplomates, d’anciens et d’actuels ambassadeurs de pays occidentaux, et des fonctionnaires dans ces ambassades en Tunisie.

« le Comité de Défense a été contraint d’entamer cette procédure face au refus qui lui est opposé à chacune de ses demandes de libération, refus confirmé par la Cour d’appel au prétendu motif de la gravité des accusations, en particulier celle « d’établir des communications avec les agents d’un État étranger dans le but de nuire à la situation de la Tunisie sur le plan diplomatique et de commettre des actes criminels contre le chef de l’État ainsi que d’y participer », explique le CRLDHT tout en rappelant la décision du juge datant du 17 juin 2023 portant sur l’interdiction de toute médiatisation ou débat sur cette affaire.

« L’arbitraire judiciaire est devenu la norme en Tunisie ; le droit y est devenu totalement soumis à la volonté d’un seul et la justice réduite à une justice aux ordres ».

CRLDHT

Le CRLDHT est revenu également sur les conditions d’incarcération des détenus politique dans les geôles tunisiennes. « Maltraités, considérés comme des terroristes, les prisonniers politiques et d’opinion n’ont pas le droit à un procès juste et équitable. Le droit de la défense est systématiquement bafoué et les avocats devenus la cible de harcèlement. », dénonce-ti-il.

A noter que depuis février 2023, une cinquantaine d’opposants politiques sont emprisonnés et risquent de lourdes peines. L’universitaire et homme politique Djawhar Benmbarek, en détention depuis sept mois, et le chef du mouvement Ennahda Rached Ghanouchi, sont entrés, la fin du mois de septembre, dans une grève de la faim. Ils sont été suivis par le chercheur Hatem Nafi qui a annoncé dans un tweet avoir entamé une grève de la faim, le 1 octobre, en solidarité avec Djawhar Benmbarek et tous les détenus d’opinion en Tunisie.

Selon, le CRLDHT, d’autres détenus politiques s’apprêtent à rejoindre cette protestation. Dans le même contexte, le Comité appelle toutes les forces et sensibilités politiques à former un front de soutien aux détenus politiques.