Déclaration de l'initiative intra-Hirak Nida 22 - Radio M

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Déclaration de l’initiative intra-Hirak Nida 22

Radio M | 23/10/20 14:10

Déclaration de l’initiative intra-Hirak Nida 22

L’initiative “indépendante pour une concertation nationale autonome intra-Hirak” Nida 22, a rendu public ce soir du jeudi 22 octobre 2020 une déclaration dont Radio M publie l’intégralité du texte.

Algériennes, Algériens !

Le 22 février 2019 est désormais un repère majeur dans l’histoire de l’Algérie. C’est une journée où nous avons entamé des marches pacifiques pour proclamer notre désir de rupture avec un système illégitime et non démocratique, et rejeter les conditions désastreuses subies durant des décennies. Cette date marque notre refus de la corruption endémique et du pillage systématique des richesses du pays. Elle marque aussi les échecs répétés des promesses de développement, et l’incapacité, depuis l’indépendance, à construire des institutions légitimes aptes à gérer et à valoriser les richesses de la Nation. Notre mouvement vise à mettre fin à la menace de l’effondrement et à la désintégration de l’État national. Cette date est désormais un jalon essentiel de notre longue marche historique en tant que peuple, inspiré des combats du mouvement national et de la glorieuse Révolution de libération, dans toute la diversité intellectuelle et politique de ses femmes et de ses hommes. Le Hirak leur a rendu hommage en rappelant leurs vertus et en les prenant pour l’exemple qui nous inspire vers la réalisation de nos objectifs. C’est une journée historique où nous nous sommes exprimés, collectivement et librement, dans les rues de nos villes et dans l’émigration, dans toute notre diversité intellectuelle et sociologique, convaincus que notre silence pouvait conduire à l’effondrement du pays. Ces marches populaires massives n’ont été suspendues, volontairement et de manière provisoire, qu’après avoir eu la confirmation qu’elles pouvaient se transformer en une menace pour la santé publique dans le contexte de la pandémie du coronavirus. Une crise que le pouvoir a instrumentalisée pour nous harceler et nous empêcher d’exprimer nos légitimes revendications. Face à cette vision claire du Hirak qui a réconcilié les Algériens avec eux-mêmes et donné au monde une image lumineuse, le pouvoir autoritaire a opté pour une démarche et une politique unilatérales, hostiles au dialogue et aux élites et méprisantes envers l’action politique autonome. Ainsi, il a imposé une élection présidentielle dans un contexte exceptionnellement tendu, marqué par un large rejet populaire et un boycott sans précédent. Ce pouvoir œuvre à imposer une révision constitutionnelle qui ne résoudra pas la crise de légitimité auquel il fait face depuis l’indépendance.

Le Hirak populaire pacifique : une voie et un moyen pour construire l’Algérie de demain

Les Algériennes et les Algériens demeurent convaincus qu’ils n’ont pas encore atteint leurs objectifs dans le cadre du mouvement populaire pacifique. Ils considèrent leur mouvement comme étant une chance historique à ne pas manquer pour réaliser une transition démocratique ordonnée. Celle-ci les libérera et consacrera leur souveraineté et leur droit à édifier des institutions légitimes. Elle traduira leur volonté, préservera leur dignité et garantira l’avenir de leurs enfants dans un climat de sécurité, de respect de la loi et de justice sociale. Ces objectifs passent par la mise en œuvre effective et la consécration des revendications suivantes: 1- La pleine souveraineté du peuple dans le cadre d’un système démocratique, social et civil au moyen d’une transition démocratique ordonnée garantissant la pérennité de l’État, le droit des citoyens à édifier leurs institutions et à choisir librement ceux qui sont responsables des affaires publiques; 2- Le droit des Algériennes et des Algériens d’établir un nouveau contrat politique fondé sur la volonté populaire ; 3- Le respect et la garantie des droits de l’homme et des citoyens, des libertés individuelles et collectives et de l’égalité entre les citoyennes et les citoyens dans le cadre de l’État de droit, assuré par un pouvoir judiciaire indépendant et par la séparation et l’équilibre entre les pouvoirs ; 4- Le droit à une information libre et équitable par l’arrêt des pressions et des entraves imposées aux médias publics et privés, la garantie du droit à l’accès et à la publication des informations ; 5- Le droit de créer des partis politiques, des syndicats et des associations, d’y adhérer librement et de participer à la gestion et au contrôle des affaires publiques ; 6- La garantie de la liberté d’opinion, d’expression, de manifestation, de pensée, de conscience et de création, ainsi que le respect de la diversité et du pluralisme ; 7- La lutte contre la corruption politique et économique sous toutes ses formes. Les Algériennes et les Algériens demeurent déterminés à atteindre leurs objectifs:  En poursuivant leur mouvement et en demeurant attachés à leurs manifestations pacifiques qu’ils reprendront lorsqu’ils jugeront que les conditions sont réunies. Le Hirak continuera avec succès à mobiliser toutes les catégories de la société, nos jeunes et nos moins jeunes, femmes et hommes, de toutes les régions du pays et dans la diaspora et dans les différentes classes sociales. Un Hirak nourri d’objectifs politiques qualitatifs et de revendications socio-économiques qui se renforceront en raison de la légitimité du combat et de l’échec des politiques du pouvoir à tous les niveaux ;  En préservant le caractère pacifique admirable dont le Hirak a fait preuve pendant plus d’une année, permettant des débats publics et pluriels, respectant les différences et a diversité intellectuelle et linguistique, encourageant les actions de solidarité et de coordination au niveau local, régional, national et dans la diaspora;  En refusant les polarisations idéologiques que le pouvoir politique alimente et exploite pour harceler le mouvement et l’infiltrer en jouant sur les différences culturelles, linguistiques et régionales qui caractérisent, à divers degrés, toutes les sociétés du monde. Les Algériens feront échec à ces tentatives de division en préservant le caractère national et unitaire de leur mouvement;  En rejetant catégoriquement toute ingérence étrangère dans leurs affaires intérieures, car leur cause est nationale et doit être résolue entre Algériens, tout en appréciant les marques de solidarité qui expriment les valeurs humanistes des peuples défendant la liberté et les causes justes et légitimes ;  En tirant les enseignements des drames de la décennie noire et en étant déterminés à empêcher sa répétition, les Algériens rejettent le chantage politique et son exploitation insidieuse par le pouvoir ou tout autre acteur politique, et ce, malgré les harcèlements, les provocations et les arrestations arbitraires qu’ils subissent depuis le début du mouvement populaire pacifique. Le mouvement populaire demeurera attaché au droit du Peuple à écrire sa Constitution consensuelle par le biais d’institutions légitimes, démocratiquement élues, dans un climat de liberté et de transparence et sur la base des règles d’une compétition politique juste. Il continuera d’exiger son droit à un contrat garantissant la construction d’un État civil empêchant la militarisation de la vie politique et sociale, et permettant à l’institution militaire d’assumer ses missions constitutionnelles, ce qui éviterait à son commandement les aléas des tensions politiques. De ce fait, l’institution militaire sera la première bénéficiaire d’une transition politique transparente et consensuelle. Un tel contrat garantira le contrôle et la redevabilité au niveau de toutes les institutions. Les opportunités de changement politique ordonné sont encore possibles, si les bonnes volontés existent et si l’intérêt du pays est placé au-dessus de toute autre considération. Les défis socio-économiques à court terme ne seront pas relevés par des mesures superficielles et des décisions improvisées. Indubitablement, la solution passe par la résolution de la crise de légitimité et la mise en place des règles de bonne gouvernance. Elle commence par la libération sans condition de tous les détenus du mouvement populaire, leur réhabilitation et l’arrêt du harcèlement des militants. Elle implique également le respect du droit à la manifestation, l’expression libre individuelle et collective, l’autonomie de la justice, l’ouverture de l’espace médiatique et la dissolution des institutions illégitimes. Le peuple algérien est libre et il demeurera libre, en défendant son droit légitime à construire ses institutions et en poursuivant sa lutte pour la construction de l’État de droit et de la citoyenneté. Il atteindra son objectif grâce à sa révolution pacifique, quels que soient les difficultés et les obstacles.