Crise en Libye : Alger et Ankara s’entendent pour appliquer sur le terrain les décisions de la Conférence de Berlin - Radio M

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Crise en Libye : Alger et Ankara s’entendent pour appliquer sur le terrain les décisions de la Conférence de Berlin

Ghada Hamrouche | 26/01/20 19:01

Crise en Libye : Alger et Ankara s’entendent pour appliquer sur le terrain les décisions de la Conférence de Berlin

« La communauté internationale a échoué dans ses épreuves en Libye, comme elle a échoué en Syrie », a déclaré, ce dimanche 26 janvier, le président turc Tayyip Recep Erdogan, lors d’une conférence de presse, à Alger, au début d’une visite de deux jours en Algérie. Selon lui, la solution de la crise libyenne doit être politique et non militaire. « J’ai discuté avec mon frère Tebboune sur les questions relatives à la situation dans la région. L’Algérie est un élément de stabilité et de paix dans cette région en cette période cruciale. Les développements en Libye ont des répercussions sur l’Algérie voisine d’une manière directe. Nous connaissons les difficultés que connait l’Algérie en relation avec la sécurité et la migration clandestine. Depuis le début de la crise, nous n’avons pas cessé de dire qu’on ne peut avoir aucun résultat en Libye avec les solutions militaires. Nous sommes en contacts intenses avec les pays de la région et les acteurs internationaux pour un arrêt permanent du cessez-le-feu en Libye et pour retour à un dialogue politique. Nous avons discuté des possibilités de coopération dans ce domaine. Nous croyons que les éléments d’une stabilité permanente sont le dialogue et le consensus », a déclaré le président turc.  Il a salué la participation de l’Algérie à la Conférence de Berlin sur la Libye qui s’est tenue le 19 janvier 2020.

Erdogan accuse les pays européens d’avoir « approfondi » la crise en Libye

« Il n’y a aucune doute que l’Algérie aura une contribution précieuse et constructive dans les efforts pour réaliser la stabilité en Libye. Nous allons poursuivre nos efforts pour arrêter l’effusion du sang en Libye. La Turquie fait face à des problèmes depuis neuf ans en raison de la crise en Syrie. Nous devons refuser que la Libye devienne un territoire pour les organisations terroristes et les Seigneurs de la guerre », a-t-il prévenu. Il a estimé que récompenser l’agresseur et sanctionner celui qui appelle au dialogue et la paix seront catastrophiques pour la Libye. Le président turc a critiqué la position des pays européens sur la Libye en parlant d’inertie et de « contradictions ». « Cela a contribué à approfondir la crise en Libye. Appliquer et suivre sur le terrain les décisions de la Conférence de Berlin revêt une grande importance. La Turquie restera aux côtés de ses frères libyens avec tous les moyens qu’elle possède », a annoncé Erdogan. Erdogan a rappelé que la Turquie et l’Algérie ont travaillé ensemble, sur le plan diplomatique, pour que les Nations Unies prennent une résolution relative « à la protection des palestiniens ».

Tebboune qualifie les relations avec la Turquie d’historiques

Le président Abdelmadjid Tebboune a déclaré, de son côté, que l’Algérie et la Turquie se sont mis d’accord pour mettre application tout ce qui a été décidé lors de la conférence internationale de Berlin sur la Libye le 19 janvier 2020. « Nous voulons œuvrer ensemble pour la paix (en Libye). Nous allons suivre, chaque jour et en détail, tout ce qui se déroule sur le terrain», a-t-il souligné. Selon Tebboune, les relations algéro-turques sont historiques. « Nous avons avec la Turquie des relations très fortes. Il y a des perspectives pour élargir cette coopération à d’autres domaines comme la pétrochimie, le pétrole, la construction, les équipements maritime, et surtout, les secteurs qui intéressent les jeunes. La Turquie est une puissance économique, une des plus grandes économies en dehors de l’Union européenne », a soutenu le chef d’Etat algérien soutenant que la Turquie a construit son économie sur la PME. « Nous avons pris la décision que les contacts soient quotidiens entre les ministres de deux gouvernements pour ne laisser aucune place à la mésentente. J’ai donné mon accord pour que la Turquie achète un lot de terrain pour construire le nouveau siège de son ambassade à Alger selon un style architectural turc. Nous nous sommes entendus aussi pour que la Turquie ouvre un centre culturel en Algérie et que l’Algérie en fasse de même en Turquie », a annoncé le président Tebboune

Plus de 3,5 milliards de dollars d’investissements turcs en Algérie

Les deux chefs d’Etat ont signé une déclaration commune portant création d’un Conseil de coopération de haut niveau entre l’Algérie et la Turquie. « Nous avons décidé de pousser notre coopération vers un niveau supérieur en créant ce Conseil », a précisé Erdogan. Il a annoncé avoir invité son homologue algérien à visiter la Turquie cette année pour co-présider la première réunion de ce Conseil à Ankara. « Nous voulons que cette réunion ait lieu dans les plus brefs délais », a appuyé le président turc. Le président Tebboune a accepté l’invitation. « Nous avons décidé d’augmenter le volume des échanges commerciaux avec l’Algérie qui est notre deuxième plus grand partenaire en Afrique pour aller au-delà de les 5 milliards de dollars. La valeur des investissements turcs en Algérie a dépassé les 3,5 milliards de dollars. Cela reflète notre confiance en l’Algérie. Notre volonté commune est d’écarter tous les obstacles devant les hommes d’affaires pour augmenter le volume des investissements et le travail en commun. Nous voulons aller vers un partenariat gagnant-gagnant. Nous ne ciblons pas uniquement nous deux marchés », a soutenu Erdogan en évoquant de nouvelles incitations aux hommes d’affaires « pour lancer d’autres projets et créer des opportunités d’emploi ». Selon Erdogan, l’Algérie est une porte vers l’Afrique.