Lorsque Hasni a fait danser les drones                  - Radio M

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Bir El Jir Chrono (1): Lorsque Hasni a fait danser les drones                 

Ihsane El Kadi | 26/06/22 10:06

Bir El Jir Chrono (1): Lorsque Hasni a fait danser les drones                 

Par Ihsane El Kadi

Il ne fallait pas attendre longtemps. Salim Dada, le maitre de cérémonie, a eu l’inspiration opportune. Oran devait vite se réconcilier avec ses jeux. Ici et maintenant.  

La ville les avait en travers. La faute à 3 années perdues. Puis  l’urgence des derniers mois qui laisse tout le monde sur le bord : les associations, les start-up, le public.  Le sentiment que les JM tournaient le dos aux oranais. Qui le leur rendaient bien.

L’arrivée des délégations a commencé à briser la glace. Sur le tard. Les frustrations de la vente en ligne des billets de la cérémonie d’inauguration, qui a laissé en plan des milliers d’Oranais et d’Algériens, maintenaient une précarité dans l’air. Oran va-t-elle vraiment s’enflammer pour ses jeux réputés faits par d’autres ? Pour d’autres.  

Le portrait de Hasni est apparu sur l’écran géant face à la tribune présidentiel. Pour que son timbre de « fin du monde » active soudainement les glandes lacrymales d’un stade en trémolo. Oran s’est reconnue.

Les présents au stade olympique étaient des gens heureux. Hommes, femmes, jeunes et moins jeunes, familles mélangées.  Ils étaient les élus. Ambassadeurs intuitifs pour une réconciliation salvatrice. Si la cérémonie d’inauguration des JM2022 d’Oran a vécu par les Algériens comme une réussite inattendue. Elle le doit d’abord à la magie d’un instant.

Celui, précoce dans la soirée, ou, succédant aux icônes de la musique oranaise, Ahmed Wahbi en dernier, le portrait de Hasni est apparu sur l’écran géant face à la tribune présidentiel. Pour que son timbre de « fin du monde » active soudainement les glandes lacrymales d’un stade en trémolo. Oran s’est reconnue. Et avec elle, les Algériens à l’affut d’une fusion hirakienne ; un moment de reconquête : patrimoine, récit, drapeau, fierté collective, souvenirs communs.

La voix chaude de Hasni a tonné.  Et plus rien ne pouvait plus arriver à la cérémonie qui froisse cette vibration des retrouvailles. Rien. Ni l’usage exagéré des feux d’artifice, y compris pendant les mouvements symphoniques en bémol. Ni la pagaille joyeuse, mais perturbante de l’interminable procession de la délégation algérienne, en rangs dispersés, clôturant le défilé des participants. Ni même l’absence de Khaled que la performance musicale époustouflante du voisin Bel Abésien Lotfi Attar (Raina Rai sans vocaliste), ne pouvait pas combler.  

Les ambassadeurs de la réconciliation d’Oran avec ses jeux ont, en plus, échappé à l’ENTV et à son chaos sonore qui a débouché sur la fermeture pure et simple de la piste audio des commentateurs. Ils ont donc pu, sans avoir à zapper,  s’évader au-dessus du stade olympique de Bir El Djir. 

Avec  les 500 drones venus dans un ballet émouvant redessiné le destin de la ville, capitale sportive de la méditerranée durant 10 jours. L’Emir du Qatar, hôte du président Tebboune  fera sans doute plus en novembre prochain pour une cérémonie d’ouverture de la coupe du monde qui n’a jamais eu les prétentions de celles des JO.  

Lumières, pyrotechnies, écran plancher, films en incrustation, chorégraphie, orchestre symphonique, ballets, pluie de drones iconiques. Tout peut être reproduit en mieux à Doha. Sauf la voix de Hasni qui fait danser les drones sous les yeux ébahis de ses fans éternels. Et fait d’Oran bien plus qu’une ville olympique.