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Affaire “Jimmy”: les images choquantes diffusées par la police

Lynda Abbou | 16/08/21 16:08

Affaire “Jimmy”: les images choquantes diffusées par la police

Les images choquantes de l’odieux assassinat du jeune, Djamel Bensmail, largement diffusée sur les réseaux sociaux ont été présentées lors de la conférence de presse du directeur de la police judiciaire algérienne, Mohamed Chakour.

Des images choquantes du meurtre du jeune artiste ont été exposées et diffusées par plusieurs médias qui couvraient l’évènement. Des avocats parlent à Radio M de ce « dérapage » et des témoignages de quelques personnes arrêtées.

Ces images diffusées ont effectivement choqué les téléspectateurs qui suivaient la conférence en direct et ont vite réagi et dénoncé sur les réseaux sociaux cette dérive morale. Il s’agit des images du corps du défunt Djamel Bensmail, sauvagement lynché après l’avoir brulé.

Une erreur impardonnable !

Invité par Radio M à réagir sur ce “dérapage”, Maitre Abdelghani Badi est formel. Il rappelle que la loi organique sur l’information interdit la diffusion des images choquantes . « La loi et la déontologie empêchent la diffusion de ce genre d’images », a-t-il expliqué à Radio M.

De son côté, l’avocat Amirouche Bakouri nous a exprimé sa colère quant à ce qu’il qualifie d'”erreur”, mais “impardonnable”. « Je suis convaincu que l’image a été diffusée par erreur. La vidéo était dans le même dossier que les témoignages qui vont être sans doute présentées comme pièces à conviction au procureur de la république », croit savoir Me Bakouri.

Excuses et retrait

En revanche, Me Bakouri n’hésite pas à qualifier d’erreur ” impardonnable” la diffusion de ces images violentes tout en réclamant des sanctions contre “la personne responsable de cette erreur”.

Dans le même contexte, plusieurs médias ont arrêté la diffusion de la conférence lors du passage de ces images choquantes à l’instar d’El Bilad TV et Echourouk TV. Les deux chaines de télévision privées ont zappé les “images choquantes” de la DGSN. D’autres médias électroniques ont retiré leurs directs notamment le site d’information Interlignes Algérie qui a même publié un texte pour s’excuser devant ses lecteurs.

Présomption d’innocence pour les témoins ?

La présomption d’innocence s’est aussi invitée au débat après cette conférence de presse. Il s’agit des suspects filmés entrains de faire des aveux. A cet effet, Me Amirouche Bakouri nous a expliqué qu’il n’y a pas d’atteinte à la présomption d’innocence quand « les suspects avouent, toutes les scènes sont documentées et les vidéos ont été visionnées par 45 millions d’algériens ». Pour lui, cette affaire est «un crime documenté, analysé, décortiqué et dénoncé par des millions d’algériens qu’il faut traiter avec du recul».     

Il fait remarquer que le choix des profils filmés et diffusés lors de la conférence de presse de la DGSN n’a pas été fait aléatoirement.  Sur 36 individus soupçonnés d’avoir participé à la mise à mort de Djamel Ben Ismaïl, uniquement quelques-uns ont été filmés. « Ce sont les profils les plus impliqués que nous avons vu témoigner. C’est la femme qui demande d’égorger Djamel Ben Smail, c’est l’homme qui lui enlève sont téléphone et celui qui le fait sortir du fourgon…Nous ne pouvons pas parler d’atteinte à la présomption d’innocence dans ce cas », a insisté l’avocat.

“Ici ce n’est pas le Vito”

L’autre vidéo qui a fait réagir la toile est celle montrant les suspects du lâche assassinat de “Jimmy” à genoux, visiblement à l’intérieur d’un commissariat. Sur cette vidéo, on peut entendre ce qui semble être un agent de police dire aux suspects ; “baissez vos têtes, ici ce n’est pas le Vito”. Il a fait allusion au fourgon de la marque Mercédès (Vito) de la police dans lequel le défunt Djamel a été violenté puis trainé dans la place publique d’une manière inhumaine avant que l’irréparable se produit.

Sur ce sujet, Me Bakouri estime que le procureur de la république doit ouvrir une enquête sur cette vidéo car, selon lui, elle n’a effectivement pas respecté la présomption d’innocence et que le policier est dans l’obligation de respecter la loi.

Enfin, l’avocat appelle à ce que le procès lié à cette affaire soit filmé et diffusé par la presse comme c’est le cas dans plusieurs pays.