The New Arab

“Une lumière de la presse libre en Algérie s’éteint ” Atteste la journaliste Daikha Dridi sur The New arab.
Dans le paysage dévasté de la presse post-Hirak, Ihsane El Kadi est resté inébranlable.  Raconte-t-elle. “En 40 ans de journalisme indépendant, il a toujours été  engagé dans la lutte pour la démocratie et les droits de l’homme. Avec une petite équipe de jeunes journalistes, majoritairement des femmes, Radio M a continué d’émettre depuis le cœur d’Alger, écrivant sur les détenus politiques, et a gardé les portes de son studio ouvertes à tous, y compris aux plus critiques du régime”, témoigne la journaliste qui a présenté l’émission phare de Radio M sous scellée,   Le Café Presse Politique. 

Quelques jours à peine avant son arrestation, El Kadi avait publié un article d’analyse politique sur le supposé malaise de l’armée face aux projets de Tebboune de briguer un second mandat en 2024. Il l’a fait “malgré les pressions intenses qu’il avait subies au cours des trois dernières années, notamment face à   des arrestations sporadiques et trois affaires judiciaires – parmi lesquelles deux accusations absurdes de soutien au « terrorisme » qui ont été rejetées par les juges”. écrit Daikha Dridi.
“Contrairement à nombre de ses collègues de la presse, El Kadi n’avait pas peur de documenter publiquement chaque intimidation.  Fidèle à ses valeurs journalistiques, il a refusé de devenir la contrefaçon que les autorités militaires et civiles qui dirigeaient le pays voulaient qu’il devienne”. Précise sa consœur et amie qui est convaincue que les conditions d’arrestation du journaliste, et son  l’affaire ont été soigneusement orchestrées pour mettre  au pas le  reste de la presse. Dans l’Algérie d’Abdelmadjid Tebboune, écrit-elle, l’heure du débat est révolue.  Le président a clairement indiqué que les voix dissidentes et les informations indépendantes n’avaient plus leur place dans le pays”.
Depuis son arrivée au pouvoir en 2019 –  la chasse aux opposants politiques et aux journalistes indépendants est pratiquement devenue la marque personnelle de Tebboune déclare Daikha Dridi qui ajoute :
“Pour moi, l’arrestation d’El Kadi reflète les méthodes qui étaient si largement utilisées dans les années sanglantes de 1990. L’Algérie d’aujourd’hui n’est plus en guerre, mais son président semble tirer une drôle de fierté du mépris de l’État envers ses citoyens qui osent s’exprimer librement, et pour le meilleur de ses journalistes”.

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