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Abdelaziz Djerad à travers ses déclarations

Ghada Hamrouche | 29/12/19 17:12

Abdelaziz Djerad à travers ses déclarations

Abdelaziz Djerad, le nouveau Premier ministre, s’est exprimé, dans de précédentes interviews, déclarations et écrits, sur plusieurs questions politiques, économiques, sociales et diplomatiques. Pour mieux cerner le personnage, nous vous proposons l’essentiel des idées et des options qu’il défend et des positions qu’il a eues.

Constitution

La Constitution, révisée à trois reprises sous le règne d’Abdelaziz Bouteflika, a été élaborée, selon lui, d’une manière furtive « sans tenir compte de la réalité de la société algérienne ». « A plusieurs fois, le texte de la Constitution a été traficoté, retouché », a-t-il dit. Au début du Hirak, il a plaidé pour l’application des articles 7 et 8 (souveraineté du peuple) pour répondre aux « revendications légitimes » du peuple algérien. Les articles 7 et 8 surpassent, d’après lui, l’article 102 (destitution du président de la République).

Changement

Abdelaziz Djerad était favorable au départ d’Abdelkader Bensalah, chef d’Etat par intérim, et Noureddine Bedoui, comme cela était exigé par la rue. « La politique, c’est également les symboles. Aujourd’hui, il y a une rupture de confiance entre le peuple et ses gouvernants. Il faut changer ces symboles à travers la nomination de personnes « plus au moins crédibles. Les algériens veulent changer le devenir de ce pays et aller vers un système politique plus démocratique et plus libre et un Etat de droit accepté par la population », a-t-il déclaré. Il a proposé la désignation « d’un gouvernement de technocrates » pour gérer les affaires de l’Etat avant la tenue de l’élection présidentielle.

Election présidentielle

Après la démission d’Abdelaziz Bouteflika, le 2 avril 2019,Abdelaziz Djerad a appelé à l’organisation d’une élection présidentielle mais sous plusieurs conditions. D’abord, l’installation d’une commission indépendante des élections, la révision profonde de la loi électorale et l’éloignement du ministère de l’Intérieur de l’organisation des opérations électorales. « Je parle de la tenue d’élections réellement libres », a-t-il dit en proposant « la date symbole » du Premier novembre pour l’organisation du scrutin avant que la date du 12 décembre 2019 ne soit retenue. Il était contre l’organisation de l’élection présidentielle par Noureddine Bedoui. «L’expérience passée de Bedoui nous a donné une idée sur sa capacité à trafiquer les élections », a-t-il noté

Dialogue

Abdelaziz Djerada plaidé pour un dialogue direct entre « les représentants » du Hirak, parmi les avocats, les universitaires et les juristes, ceux de l’Etat et de l’Armée ainsi que l’opposition. «Il faut faireconfiance au patriotisme des algériens », a-t-il dit. Il a estimé qu’il faut assurer en prioritéla stabilisation du pays avant entamer des réformes de l’Etat et de la société après l’élection présidentielle. « Gouverner, c’est prévenir. Nous avons toujours répondu à des situations immédiates, sans consensus », a-t-il souligné.

Diplomatie

Il a parlé d’un manque de communication avec les partenaires étrangers de l’Algérie. « Notre diplomatie ne doit pas rester sur la défensive. Elle est restée trop discrète », a-t-il noté. Il a critiqué la tournée à l’étranger en mars 2019 de Ramtane Lamamra, ministre des Affaires étrangères et vice-Premier ministre, parlant « d’erreur monumentale ». Il lui a reproché d’avoir voulu « internationaliser » la crise en Algérie. La diplomatie doit, selon lui, expliquer et clarifier. « Nous devons avoir une diplomatie offensive. On est absent sur la scène internationale depuis la maladie de l’ex-président de la République. Notre diplomatie était sous-représentée. Nos diplomates n’ont pas de ligne directrice pour réagir », a-t-il constaté. Selon lui, les Emirats et l’Arabie Saoudite voient d’un mauvais œil une évolution pacifique de la situation en Algérie. Il a parlé du rôle néfaste que peuvent jouer certains autres pays comme les Etats Unis ou la France dans la région. « Il ne faut pas être naïf. Certaines puissances peuvent profiter du contexte pour fragiliser encore plus notre pays et notre arméeIl faut rester vigilants, lucides, défendre nos intérêts, chercher des solutions politiques à la crise, maintenir la stabilité, défendre la souveraineté du pays », a-t-il soutenu en avril 2019. Il a critiqué la suppression de l’Agence de coopération internationale par Abdelaziz Bouteflika. L’Agence a été créée à l’époque de Liamine Zeroual, en 1993, et dirigé par Azzeddine Djerad. « Il a supprimé cette Agence pour régler des comptes personnels à cause d’un lot de terrain à Poirson (El Biar, Alger) qui était en litige avec un autre Djerad. Des milliers de cadres ont fait les frais de pareilles décisions », a-t-il dénoncé. Les nominations diplomatiques étaient motivées, selon lui, par le népotisme et le régionalisme. Il a parlé d’ambassadeurs maintenus à leurs postes pendant plus de quinze ans.

Economie

Il fait un plaidoyer pour la mobilisation rapide « des compétences nationales » pour affronter « une crise économique majeure » qui va « bientôt arriver ».

Ouyahia

Abdelaziz Djerad a regretté d’avoir nommé Ahmed Ouyahia comme directeur de cabinet à la présidence de la République, à la demande de Liamine Zeroual. A l’époque Djerad était secrétaire général de Présidence de la République. « La relation d’Ouyahia avec le cabinet était mauvaise dès les premiers jours. Il méprisait les gens. Sa personnalité est étrange. Il traitait directement avec le président Zeroual sans prendre l’avis de ses collaborateurs alors que la consultation est indispensable lors qu’on occupe un poste de telle importance », a-t-il dit. Selon lui, Ahmed Ouyahia est arrivé à ce poste grâce à l’appui du général major Fodil Saïdi et le général Toufik. « Je le dis en toute réserve, car je n’ai pas de preuves(…) Ouyahia est égoïste. Il a une grande capacité pour travailler. C’est un homme de dossiers. Il monopolisait tout, ne voulait pas partager avec les autres », a-t-il ajouté.