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A Béjaia, manifestation de “hirakistes” contre la tenue du festival international du théâtre

Ghada Hamrouche | 16/02/20 09:02

A Béjaia, manifestation de  “hirakistes” contre la tenue du festival international du théâtre

L’ouverture de la 10 édition du Festival international du théâtre de Béjaia a été marquée, samedi 15 février, par une manifestation de plusieurs personnes devant le siège du Théâtre régional Abdelmalek Bouguermouh. Pendant plus de deux heures, des manifestants se réclamant du hirak ont dénoncé la tenue du festival assimilée à « du gaspillage d’argent ».

Ils ont scandé plusieurs slogans : « Ils dépensent de l’argent pour le festival alors que des malades du cancer n’ont pas de médicaments », « Dégagez, oulach el festival », « Salimou solta li chaab » (remettez le pouvoir au peuple)… Ils ont réclamé le départ de Slimane Benaissa, commissaire du festival. Ils lui reprochent sa participation avec le panel du dialogue national qu’a présidé Karim Younes avant la tenue de l’élection présidentielle en décembre 2019. « C’est un rassemblement spontané de citoyens de Béjaia. Le problème n’est pas la tenue du festival du théâtre. Une ville civilisée comme Béjaia ne peut pas être contre un acte culturel. Mais, un acte culturel qui se politise et qui devient une partie de la contre-révolution ne peut pas être accepté par le citoyen. Il n’y a pas de demie-révolution. Béjaia contribue grandement depuis février 2019 à la Révolution. L’actuelle ministre de la culture a donné une instruction de type militaire contre les intellectuels et les menacent pour qu’ils ne publient rien sur les réseaux sociaux. C’est une censure. Le théâtre est bâti sur le dialogue et le débat. C’est un espace de liberté où la police et la BRI n’ont pas de place », a déclaré l’universitaire Hakima Sbaihi, figure connue du hirak à Béjaia. « Je ne suis pas contre les créateurs. Mais, je m’oppose aux créateurs qui sont contre la volonté du peuple », a-t-elle ajouté.

« Le peuple algérien veut avoir une véritable politique culturelle »

Pour Mahrez Bouich, universitaire et militant, aucun algérien n’est contre la culture. « Les algériens savent que les Etats se construisent aussi avec la culture. Pas la culture que dirige un ministre qui n’a pas de légitimité. Les algériens sont sortis le 16 février 2019 à Kherrata et le 22 février dans l’ensemble du pays pour reconstruire l’Algérie. L’Algérie de la démocratie et des libertés. L’Algérie de la véritable culture, pas celle du bricolage et du gaspillage. Nous sommes rassemblés pour dire que nous nous attachons aux revendications du hirak, à la silmiya, à la liberté et au développement de la culture. Le théâtre, le cinéma, les arts visuels et la culture ne peuvent pas être développés par un régime qui a paralysé le pays depuis 1962. Notre rassemblement n’est pas contre la culture ou le théâtre. Le peuple algérien veut une véritable politique culturelle que le régime actuel ne peut pas avoir », a-t-il déclaré. Les manifestants se sont dispersés en début de soirée et le festival a été ouvert vers 18 h avec un hommage rendu à la militante Habiba Djahnine, assassinée par les terroristes il y a 25 ans, suivi d’une pièce théâtrale d’Oum El Bouaghi, « Timenfla ». Pour les organisateurs, le festival aura lieu comme prévu sans aucun changement de programmes jusqu’au 20 février 2020.